Bondamanjak

POUR L’ABROGATION IMMEDIATE DE LA LOI DE LA HONTE

Les Collectifs, réunis le lundi 12 décembre, prennent acte de cette intention du Président de la République et du premier Ministre concernant la loi de la honte du 23 février 2005. Nous avons été particulièrement attentifs à leurs déclarations qui visent à instaurer le dialogue des mémoires reconnues et respectées , tout en regrettant profondément qu’aucune mention de l’abrogation de l’article de la loi de la honte ne soit clairement énoncée. Nous notons que des élus, hommes politiques et intellectuels français faisant prétendument « honneur à l’intelligence française », stigmatisent par le mépris, l’insulte et les provocations les composantes minoritaires de la société française, avec des discours de haine et de peurs, faisant fi du poids de cette longue nuit de la colonisation sur la vie des peuples qui en ont été les victimes, en Afrique noire, en Afrique du Nord, à Madagascar, dans l’ancienne l?Indochine ou encore dans la Caraïbe et le Pacifique. Cette loi de la honte veut inscrire de manière unilatérale, insidieuse et permanente dans la mémoire des générations futures le racisme et l’iniquité comme essence même des valeurs de la République française. La République, comme la démocratie, se refonde chaque jour par un combat incessant des valeurs de justice et de respect de l’Homme ! A n’en pas douter, ces déchirures identitaires, ravivées par la loi de la Honte, et que la République n’a pas su écouter et comprendre, sont le fruit de sa volonté d’oubli du passé, mais resurgiront sans cesse, tant qu’elles n’auront pas été entendues. Elle opère un renversement de valeurs et transforme un cortège d’atrocités, d’humiliations, de racisme, en « bienfaits civilisateurs », spoliant de fait toute une partie de la population de ce pays de son humanité et de son identité, replongeant la France dans la nostalgie douteuse d’époques troubles qui charriaient des valeurs tronquées et des idéologies à l’opposé du respect de la dignité humaine. Cette loi, loin de rassembler les peuples, ravive des souffrances. L’Algérie, qui a payé un lourd tribut à l’idéologie coloniale, s’est indignée légitimement face à cette loi de la Honte. La Martinique la Guadeloupe, fidèles aux valeurs universelles des Droits de l’Homme portées de tout temps et exaltées par ses fils (Ignace, Delgrès, Césaire, Fanon?) étaient dans l’obligation morale d’alerter l’opinion française et internationale quant à cette véritable régression que représente la loi du 23 février 2005. Tant que la loi dont M. Sarkozy s’est montré le fervent supporter ne sera pas abrogée, il ne trouvera en Martinique aucun accueil digne de l’hospitalité légendaire de notre peuple, et ce d’autant qu’en reconnaissant en mai 2001 l’esclavage comme crime contre l’humanité, ce même Parlement institue aujourd’hui un révisionnisme officiel. « Et je dis, que de la colonisation à la civilisation, la distance est infinie, et que, de toutes les expéditions coloniales accumulées, de tous les statuts coloniaux élaborés, de toutes les circulaires ministérielles expédiées on ne saurait réunir une seule valeur humaine?. » (Discours sur le colonialisme. Aimé Césaire). En conséquence : · Les collectifs exigent l?abrogation immédiate de la loi de la honte du 23 février 2005 . · Ils demandent au peuple martiniquais de rester mobilisé et uni dans cette bataille pour imposer le respect de la mémoire et de la dignité des peuples ayant subi les exactions de la colonisation. · Ils s’engagent, pour amplifier la mobilisation, à coordonner leurs efforts avec ceux des peuples de Guadeloupe, de Guyane, de Réunion, de Polynésie, de Kanaky, les organisations de la diaspora en France, les démocrates français et tous ceux des anciennes colonies qui partagent cette démarche. Collectif Respé ? dénonciation du colonialisme Collectif Martiniquais pour l’abrogation de la loi de la Honte