Bondamanjak

Pourquoi Domota dérange…

Nous avons dans nos deux îles de Guadeloupe et de Martinique un laboratoire de ce qui se passera dans peu de temps en métropole, que les pouvoirs en place veuillent bien le voir –ou pas-. Ce sera ainsi. Qu’il manipule les français ou pas. Car ce qui nous vivons ici, nos compatriotes français sont ou seront inévitablement concernés par ces problèmes.

Nous avons chez nous une grave crise économique et sociale. Les riches deviennent de plus en plus riches, avantagés par la politique en place, et les pauvres deviennent de plus en plus pauvres. Il s’avère que dans nos îles les « békés » qui sont les descendants des premiers colons européens, détiennent de grosses fortunes, grâce aux terres qu’ils possèdent qui sont autant de garanties bancaires. Ces personnes sont aussi aujourd’hui ceux qui possèdent la grande distribution, qui sont les principaux producteurs agricoles et contrôlent une partie de l’industrie, tout cela alors qu’ils ne représentent que 1 % de la population totale de la Martinique.

Il ne s’agit pas de s’attaquer aux privilèges de ces personnes, bâties pour certaines sur la pratique de l’esclavage… il ne s’agit pas de condamner leur comportement raciste, car franchement, traiter Domota de raciste, alors qu’il y a une communauté qui vit entre elle, qui pratique des mariages qui relèvent pratiquement de la consanguinité… qui s’implique très peu en politique et qui sont franchement inexistants dans la vie sociale et intellectuelle de l’île… cela semble très « osé ».
Non il ne s’agit même pas de cela. Le conflit actuel dénonce l’absence d’état dans nos économies. Le conflit actuel dénonce le laisser-faire de l’état qui ne joue pas son rôle pour faire appliquer les lois européennes en matière de concurrence. Le conflit actuel dénonce que le travail du préfet, qui était de contrôler certains prix, n’a pas été fait. Le conflit actuel demande que les antillais des Dom soient traités comme les métropolitains de l’hexagone.

Les antillais ne sont pas plus racistes que les français. Ils sont d’ailleurs des français, n’est-ce pas ? Des fois, je me pose des questions, de sérieuses questions …

Le conflit actuel est donc un conflit qui dénonce l’absentéisme de l’état pour défendre nos droits de citoyens français. Nous sommes les proies d’une économie ultra-capitaliste, insoutenable dans une micro-économie ou les lois de la concurrence n’existent pas et où nous sommes immolés sur le bûcher du « bon vouloir » de nos monarques locaux.
Nous ne dénonçons pas le fait qu’ils songent à profiter de la situation, qui ne l’eût pas fait dans cet Eldorado, où les lois républicaines semblent se perdre dans les abysses de l’Atlantique ? Nous dénonçons les laisser-faire, les lâchetés, la politique des accointances, les lobbies, et parfois de l’incompétence de nos élus à nous défendre, parfois leurs désespérances à être les acteurs d’un véritable changement social.

Domotha dérange car il représente la voix du peuple sans avoir fait le parcours conventionnel . Et la rue, on sait « ne gouverne pas »…nous dit-on depuis déjà un certain temps…

Domota dérange, évidemment parce qu’il représente la population, pas seulement guadeloupéenne, mais aussi martiniquaise, et qu’il pourrait même incarner le combat social des français ! Mais on frisonne en haut lieu… On préfère le faire passer pour un raciste, ainsi on limite le message socio-politique aux frontières de nos étroits territoires. On stigmatise le discours politique et social en l’abaissant à une vile question épidermique. On cherche à discréditer la personne de Domota, pour neutraliser le discours…

Le traiter de raciste, c’est donner aux français un a-priori négatif sur lui. Qui ne trouverait pas en cet homme -intelligent et charismatique, qui sait allier simplicité, courage politique et compétence- un véritable leader ?
A suivre, en tout cas, mais toute atteinte portée à Domota sera vécue telle qu’elle est : une atteinte à la liberté d’expression du peuple, pas seulement guadeloupéen, pas seulement martiniquais, mais du peuple français. Une manière de museler l’opinion, d’empêcher les espoirs populaires, les sursauts de ceux qui ne veulent pas se laisser sacrifier pour les plaisirs et les excès d’un autre groupe qui, lui, semble-t-il ne connaît pas encore suffisamment la crise.
Nous lui ferons goûter, lui aussi à la crise, car nous sommes en démocratie, n’est-ce pas ? De quel droit devrions-nous renoncer aux idéaux républicains de liberté, d’égalité dans nos territoires ?

Marie-Line Mouriesse.