Bondamanjak

Pourquoi les martiniquais et les guadeloupéens sont-ils en colère ?

Ceux-ci ne sont pas très nombreux et pratiquent des marges inadmissibles. Or il n’y a pas véritablement de contrôle des prix, ils sont libres. La loi de la concurrence est sensée « réguler », c’est une pure ineptie ici, on sait bien que cela ne fonctionne pas. Sans qu’il y ait véritablement accord entre les distributeurs, il y a cependant connivence. Ils se surveillent pour pratiquer des prix à peu près comparables, ce qui fait que le consommateur se retrouve à acheter tout, absolument tout avec des marges importantes, inadmissibles, excessives.

Quelles  sont les conséquences sur le quotidien ? Les  familles martiniquaises et guadeloupéennes sont de plus en plus endettées et  vivent de plus en plus mal. On sait que c’est la crise, ce n’est pas un concept mais bien du concret pour nous. La consommation de pain a considérablement augmenté, or on sait que c’est un critère d’appauvrissement, alors que la consommation de viande a baissé.

 

Des émeutes de la  faim.

Mais qu’est-ce qui fait que cela a éclaté ?

Personnellement c’est lorsque Michelle Alliot Marie a déclaré devant l’Assemblée Nationale qu’il n’y avait pas de problèmes en Martinique, parce qu’elle avait négocié une baisse des prix dans la grande distribution. En effet, on avait remarqué cette baisse, cela a duré un certain temps, et puis on ne s’en est plus aperçu car la grande distribution a compensé en haussant le prix d’autres produits. Par exemple le prix des surgelés a augmenté dans les hard discount comme Leader-Price. Pour vous donner une idée des plats cuisinés très ordinaires à Leader Price sont vendus 7 euros (en francs 45,50 – en fait c’est un scandale), la viande surgelée aussi  et tout est comme ça : exagéré. Je crois que c’est le sentiment de se faire avoir, de se faire voler, le fait que l’on soit les proies de la grande distribution qui a fait que les mouvements actuels ont  explosé. De plus  les salaires n’ont pas augmenté malgré ces hausses massives. Les fonctionnaires qui sont nombreux dans l’île n’ont pas vu leurs salaires augmenter depuis longtemps déjà. On se moque d’eux en leur distillant des augmentations qui équivalent au prix du timbre de la lettre qu’ils reçoivent pour leur indiquer qu’ils ont été augmenté. Certains rigolent en disant qu’ils auraient mieux fait d’économiser ces envois qui auraient permis de doubler d’augmentation.

 

D’autre part,  je pense que c’est la même chose, le fait de vouloir diviser guadeloupéens et martiniquais comme si nous ne connaissions pas les mêmes difficultés nous a également révoltés. Cela devenait surréaliste ; mais on est gouverné vraiment par des personnes qui ne comprennent rien au terrain, à nos difficultés,  qui vivent dans le petit monde clos de leurs privilèges et qui nagent dans des a-priori ponctués de mépris pour le peuple.

 

Pourquoi la situation est-elle explosive ?

Le sentiment de révolte provient du fait que la population ne fait plus confiance à l’état pour résoudre ess problèmes, car l’Etat se fait  l’allié du MEDEF, sous prétexte que l’entreprise  crée de l’emploi. Qui croit encore cela dans le monde actuel ?  Nos politiques sont décidément complètement en dehors du temps réel. Ils n’ont rien compris à la réalité économique d’aujourd’hui. Les entreprises ne sont plus du tout dispensatrices d’emploi.  Elles génèrent du capital pour leurs actionnaires. Le monde est désormais bipolaire : ceux qui ont du capital pour investir dans  des entreprises, et ceux qui n’en ont pas. D’où le sentiment que nos politiques sont totalement « à la masse » la plupart font partie de cette classe politique qui ne connaissent pas la crise. Mais qui vont sans doute en essuyer les conséquences, cependant. On l’a vu dans la crise  des subprimes qui a débuté aux USA. Les conséquences ont touché… Les actionnaires ! Ou la la, là on a touché au sacro-saint porte-monnaie du bourgeois  pour qui … cette petite entreprise… ne connaissait pas la crise.

De la même manière le secteur  automobile  dans les pays dits  développés est en crise. Mais pourquoi ? Parce que les ménages n’ont plus les moyens de s’acheter un véhicule neuf. Là encore les problèmes des français et des européens de manière générale ont de répercutions sur les industriels et sur le capital de manière générale. Mais qui l’eût cru ? Nos dirigeants s’imaginaient qu’ils pouvaient profiter du système sans limites en méprisant les mouvements sociaux et les personnes et qu’il n’y aurait jamais de conséquences sur leur petite tranquillité et sur leur porte-monnaie.

Qu’est-ce que les gouvernements proposent dans cette crise (très importante parce qu’elle touche le porte monnaie des actionnaires….): une prime à la casse inutile, car elle existait déjà, lorsqu’on achetait un véhicule neuf le concessionnaire nous donnait une somme qui équivalait à 1000 euros pour reprendre l’ancien, et d’aider les industriels de l’automobile. Au lieu d’aider les ménages et  d’amorcer une hausse des salaires qui ne serait que justice. Hausse des salaires qui aurait des répercutions positives sur la consommation et bien sûr sur la vente des véhicules.

Lorsque la crise des subprimes a eu lieu, la France a cru bon d’injecter de l’argent dans…. les banques. Tous les français ont trouvé cette démarche grossière. On a essayé de nous expliquer  qu’on avait rien compris. Résultat, on a aidé les banques  françaises, et elles n’ont rien trouvé de mieux que  de rendre encore plus difficile l’accès aux prêts. Reprenons encore plus clairement : on a mis  NOTRE ARGENT PUBLIC dans les banques PRIVEES et les banques PRIVEES refusent de nous prêter NOTRE ARGENT PUBLIC lorsque l’on en aura besoin.

 

Pourquoi trop, c’est trop ?

Sur quoi Monsieur Sarkozy a-t-il été élu ? Il me semble qu’il l’a été sur un programme  de relance du pouvoir d’achat, non ? Vous vous rappelez. Moi si. En effet, il a relancé  son propre pouvoir d’achat, le pouvoir d’achat de ses camarades industriels  et des bourgeois qui l’entourent mais pour ce qui est du peuple,  on attend toujours les vraies mesures qui relancent réellement le pouvoir d’achat des français et pour l’instant RIEN n’a été fait en ce sens.

 

L’insularité agace les irrégularités.

Nous somme de petites structures qui exacerbent les inégalités. Ce qui en métropoles passe encore peut-être inaperçu ne l’est pas ici, car tout prend des proportions énormes. Nous ne pouvons plus nous alimenter comme avant, nous ne pouvons plus nous déplacer comme avant, nous ne pouvons plus offrir à nos enfants des vacances comme avant ; Nous vivons une crise  sans précédent. Mais ce n’est pas inéluctable, comme on va essayer de vous le dire. C’est une question de politique.  Car tout le monde ne ressent pas la crise dans les mêmes proportions. Il y en a qui s’en sortent très bien.

Nous ne pouvons pas aller faire nos courses dans un autre département, dans un autre supermarché ce serait vain car ils se surveillent pour pratiquer à peu près les mêmes excès, nous sommes pris en ôtage dans cet espace étroit qu’est l’île. Il aurait fallu que l’état mette un peu son nez dans le contrôle des prix , parce que l’on attend de lui qu’il fasse son travail c’est-à-dire défendre l’intérêt général et non pas les fortunes de la grande distribution…

On va vous dire que « C’est interdit pas les règles de la libre concurrence….. etc… » Là encore c’est une question de politique. Pourquoi a-t-ton décidé que cela était bon pour nous ? De quel droit on nous imposerait ad vitam aeternam un système que l’on sait qui nous est nuisible ?

Oui… oui, on le  sait, on nous l’a dit…. : la rue ne gouverne pas….  Mais elle  s’en souviendra aux prochaines élections et elle sera vigilante sur le respect de la démocratie. Et saura prendre les armes  si celle-ci est en danger.

 

Est-on encore en démocratie ?

Le nouveau système mis en place par l’ « eurodictature », qui consiste à  zapper la volonté des peuples en lui imposant des textes  remaniés à peine et qu’il a précédemment refusé par referendum agace profondément le peuple. Serait on encore en démocratie ?
Qu’est-ce que c’est que la démocratie ? C’est en principe un gouvernement où le peuple est souverain et ce sont ceux qui le représentent qui gouvernent.  Il font donc représenter le peuple quand on est élu, et non pas  ses intérêts. Vous rêvez. Oui, on rêve mais on sait bien qu’aujourd’hui des entorses sérieuses sont régulièrement faites à la démocratie. Les médias diffusent  les points de vue d’une catégorie de la société,  sans nuances,  sans permettre aux autres points de vue de s’exprimer. Le peuple français a voté massivement pour le NON au référendum sur la Constitution, alors que les médias diffusaient la propagande pour le oui. Eh oui, comme quoi la propagande ne nous a pas encore lobotomisé, vous aurez beau essayer de nous manipuler, on a encore notre cerveau et ça, vous ne nous l’avez pas encore hypothéqué…..

L’intérêt général sacrifié sur le bucher des intérêts particuliers
A chaque fois les populations ont le sentiment que la politique menée ne correspond pas à leurs attentes mais est le résultats d’attentes d’un groupe privilégié qui profite de sa position de pouvoir pour faire passer des lois  pour préserver ses propres intérêts.

 

Quoique, pourquoi s’attaque- t-on à l’école à votre avis ?

Précisément parce que l’école forme les citoyens à réfléchir…. Hum… dangereux, réfléchir, c’est une épidémie qu’ils tentent d’éradiquer en …. retirant les moyens à l’éducation Nationale. L’Education Nationale, mon Dieu qu’est-ce qu’on en dit pas :  un poste budgétaire important… les professeurs sont ci-ça… bref . Vous n’êtes pas sans ignorer ce type de discours ? Pourquoi s’attaquent-ils ainsi avec autant de véhémence au Mammouth comme ils disent ? Parce que le peuple est plus influencé par sa formation (par l’école) que par les médias, c’est la conclusion d’un rapport…. L’école est le bastion de la liberté d’expression, le lieu où on vous apprend à penser. Vous devez vous méfier de ceux qui veulent détruire l’école. La destruction n’est pas  annoncée directement. On commence à réformer, réformer pour diminuer les postes, nous retirer des moyens. On a des classes surchargées, on travaille souvent dans de mauvaises conditions….ce qui conduisent les familles à préférer le privé pour l’éducation des enfants. Et tout le monde n’en a pas les moyens, alors là encore la société est divisée : ceux qui peuvent envoyer leurs enfants dans le privé et ceux qui ne le peuvent pas….

Méfiez-vous de ceux qui s’attaquent à l’école car l’école est l’outil majeur de l’égalité dans ce pays.

 Profitons de la liberté d’expression pendant qu’on peut encore écrire dans ce pays….

Le sentiment de révolte  qui anime les martiniquais et les guadeloupéens est le sentiment d’injustice,  le sentiment  d’exaspération. Le sentiment que l’état joue le jeu des privilégiés et que le peuple est laissé-pour-compte. La révolte est l’expression de la colère, du refus du monde que l’on nous propose qui est profondément inique. C’est une révolte à cause des inégalités qui sont éhontément criantes.