Bondamanjak

Présidence de l’UMP: le séisme politique à venir

Les techniques empruntées à l’extrême-droite sont connues. User de la provocation jusqu’à la nausée afin de faire passer des messages subliminaux au public dont il cherche à capter les faveurs. Il s’agit de dramatiser la situation du pays, et ensuite de désigner le bouc émissaire, hier le juif aujourd’hui le noir et le musulman, pour se poser en défenseur des « petits blancs » que tout le monde abandonne. 

 Cette posture est dangereuse dans le contexte d’actualité internationale de mouvements religieux extrémistes qui autorise tous les raccourcis et de crise économique qui fragilise la nation. M. Copé est coupable d’alimenter les peurs des Français, de diviser au lieu de chercher à rassembler et à rassurer, et d’affaiblir délibérément l’unité nationale pour des raisons bassement politiciennes. 

  

Et à trop courir derrière les extrêmes, la droite s’abîme. Ce positionnement porte en germe l’implosion et l’affaiblissement de l’UMP et la montée en puissance du Front National qui se frotte les mains et compte les points avec gourmandise. 

  

Avec Jean-François Copé, ce n’est pas la droite qui est décomplexée mais bien l’extrême-droite. A force de surenchères et de dérapages au moment où justement le FN tente de se normaliser avec Marine Le Pen, on banalise le vote frontiste. En dédiabolisant l’extrême-droite, en donnant une crédibilité à ses thèses et à ses méthodes, on efface les réticences qui jusque-là empêchaient de considérer son émanation comme un parti de gouvernement. Et après tout plutôt que choisir un parti qui s’est trompé durablement et qui se rallie tardivement à des thèses hier vilipendées, certains électeurs de la droite traditionnelle pourraient bien préférer l’original, le parti qui n’a pas varié sur ces sujets depuis 30 ans. 

  

De la même façon, les modérés, les humanistes, les centristes, écoeurés par cette débauche électoraliste quitteraient en masse l’UMP pour se réfugier auprès d’autres partis plus républicains. 

  

Dès lors, le piège tendue à l’époque par François Mitterrand qui avait favorisé l’émergence du parti frontiste pour diviser la droite et se maintenir au pouvoir pourrait bien se refermer. Le RPR et l’UMP à l’époque de M. Chirac et de M. Sarkozy, malgré des tentations conjoncturelles, avaient su se préserver en maintenant un cordon étanche avec l’extrême-droite. Si M. Copé prenait le pouvoir, l’UMP serait laminée, débordée sur sa droite par le Front National en embuscade et écrasée par les centres qui deviendraient à droite les seuls vrais partis offrant une alternative républicaine crédible, sous réserve de trouver une unité. 

  

M. Copé est en cela le meilleur allié du gouvernement Hollande qui se frotte les mains et espère sa victoire afin de se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible. 

  

D’ailleurs, son appel à occuper la rue, comme le font les associations ou les mouvements non représentés au parlement, est une agitation de plus qui ridiculise l’opposition et fait les affaires du gouvernement. Jusque-là, les partis républicains, à droite ou à gauche, n’utilisaient cette arme qu’en dernier ressort, lorsque des libertés fondamentales étaient gravement menacées ou sur des grands enjeux nationaux. M. Copé lui, explique sans rire qu’il ne sait pas encore sur quoi ni pourquoi il faut manifester mais qu’il faut le faire en prévision des futures bévues des socialistes. 

  

Tout cela est improductif. Au lieu de se concentrer sur les grands enjeux pour la France et de demander des comptes à François Hollande pour sa gestion approximative de l’intérêt national, l’attention se focalise sur les petites phrases et les postures de M. Copé qui offrent des diversions faciles et donnent un visage peu ragoutant de l’opposition. 

  

Voilà pourquoi aujourd’hui je voterai sans aucune hésitation pour François Fillon, qui est, en l’absence de Nicolas Sarkozy, le meilleur candidat à l’UMP, capable de rassembler le peuple Français et de l’entraîner derrière un projet alternatif crédible. 

  

*Patrick Karam, ancien délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’outre-mer, conseiller régional d’Ile-de-France, ancien responsable de campagne de Nicolas Sarkozy pour la diversité.