Bondamanjak

« C’est moi Jean Nono, le petit rôt beau l’ami du lys »

Jeudi 16 Août : Affolement général- La Martinique apprend qu’elle doit faire des provisions, se préparer à un cyclone de force 2 ou 3 ? en une journée, tout en restant au travail, car l’alerte rouge passe à 17 heures (fermeture des bureaux etc…). Les travailleurs doivent donc se « préparer » à un cyclone entre 17 h et 21 heures, car les premiers signes du cyclone se font sentir à cette heure . Autrement dit , on doit rentrer ses plantes, retirer les objets qui risquent d’être des projectiles, mettre du scotch sur les vitres, attacher les bêtes ou les mettre à l’abri, s’occuper de son bâteau, l’amarrer au besoin ou le mettre à sec, calfeutrer les ouvertures de sa maison, faire des provisions (si on ne les a pas faites avant), recueillir ou aider des personnes qui sont dépendantes de nous (personnes âgées ou autres) entre 17 h et 21 h. Imaginons quelqu’un qui a des bêtes, un bâteau, une maison à sécuriser, qui s’occupe de deux personnes âgées et qui travaille, je n’ose même pas imaginer !

Mon amie Michèle arrive de France avec ses cinq enfants à 15 heures et doit préparer sa maison, faire des courses dans l’affolement général et avec six heures de décalage horaire. Inadmissible, si l’alerte rouge avait été déclenchée plus tôt, le vol aurait été annulé, ce qui valait mieux.

Jusqu’à 17 heures l’activité avait été maintenue sur l’aéroport. Je ne parle même pas des employés de l’aéroport qui doivent en principe, se préparer eux aussi.

C’est un principe très connu des psychologues et qui conduit à la folie, c’est ce que l’on appelle la double contrainte. On met quelqu’un dans l’obligation de faire quelque chose et on lui enlève tous les moyens de le faire correctement. Quoiqu’il fasse, c’est mal fait et cela crée une angoisse. C’est exactement ce qui s’est passé lors du passage de DEAN :

Il est demandé aux personnes de préparer le passage du cyclone et on les maintient au travail.

Dois-je ne pas aller au travail pour préparer ma maison ? Auquel cas je serais une bonne mère ou un bon père et j’assure la sécurité de mes enfants et la mienne.

Dois-je aller au travail et faire preuve de professionnalisme, ainsi je montre mon sérieux ?

Dans le deux cas je fais un choix qui annule l’autre. Je suis dans l’angoisse.

Cette situation est de plus en plus fréquente dans l’administration. On demande et exige des éléments (pour satisfaire démagogiquement les attentes des populations et les exigences de qualité de service) et on ne donne pas les moyens pour effectuer ces travaux. L’éducation Nationale connaît bien ce type de fonctionnement, c’est pour cela qu’il y autant d’enseignants à Colson. Puisque de toute évidence l’échec ne vient pas de celui qui donne un ordre mais de la personne qui n’a pas pu y répondre.

 

Remarque : Si l’alerte orange avait été passée mardi matin, certaines personnes auraient pu déjà prévoir pour les courses et préparer leur maison le 15 août, jour férié.

 

Obstacle majeur : A Météo-France on a peur de se tromper, car on n’a pas intégré son rôle. Le rôle de Météo-France est d’informer sur le risque, au besoin le quantifier : il y a 15% de risque, 50 %, 90 % que cela nous concerne…. Et non pas d’étaler ses doutes. Le rôle de MF est d’inciter la population à prendre au sérieux ces risques météorologiques et non pas de toujours imaginer qu’ils ne nous concerneront jamais.

 

Problème préfectoral : Les puissances d’argent de la Martinique font pression pour que l’on ne perturbe pas l’ « activité économique ». Intéressant comme raisonnement lorsque ce genre d’erreur coûte 200 millions d’euros de réparations ! Il est important que le Préfet, responsable de la sécurité civile à la Martinique sache que malgré les pressions faites, il doit rester froid et décider en fonction de l’intérêt général de la population, ce qui je sais ne doit pas toujours être évident. Et puis finalement c’est plutôt bien pour certains qu’il y aient des dégâts. C’est comme en temps de guerre, c’est pas tout le monde qui trinque.

 

Revenons au système d’alerte :

Vert : tout va bien : alors pourquoi ce code inutile ?

Jaune : Soyez attentif : Ne sert à rien. DEAN nous l’a montré. Personne ne se sent concerné, et même pas le chef de la Météo.

 

Orange : Utile mais connaît-on sa signification ? D’ailleurs un système qui réclame une explication est un MAUVAIS SYSTEME.

 

ROUGE : Préparez-vous _ Oui, c’est utile mais lorsque l’on passe en alerte rouge à 17 heures, on espère bien s’être préparé avant sinon c’est une véritable catastrophe !

 

VIOLET : Confinez-vous : ridicule et inutile. On est passé en violet en pleine rafales de 150 km h, est-ce que l’on a attendu le violet pour se confiner ?

 

GRIS : Utile surtout pour la sécurité civile et pour savoir quant on est autorisé à sortir. Mais pourquoi gris ? Symboliquement il y a mieux, ! Bleu se serait plus positif, retour au beau temps !

 

Si on analyse ce système, on en vient à la réflexion, mais pourquoi diable a-t-on changé de système d’alerte car l’ancien était nettement supérieur. Si l’on change c’est pour faire mieux sinon on a la sagesse de s’abstenir.

 

Revenons à la politique de communication des informations météo.

 

Le mercredi 15 août au soir, dans le journal de RFO Jean-Noël De Grace annonce solennellement que nous serons concernés par des vents forts, qu’il faut se préparer, et dans un même temps dit qu’il s’agit d’un « petit phénomène » et qu’il est possible qu’il passe au nord.

De quoi démobiliser les sceptiques, aux cerveaux anesthésiés par deux décennies de fausses alertes.

Sur Télé Martinique du 16 Août au soir, lors de la Météo des Cyclones, Yves Bussy se voit ravir la vedette lorsque les choses deviennent sérieuses.

 

Sur ATV, un bulletin passe à midi le jeudi 16 août, jour du cyclone. Il affirme à midi que l’on passera « peut-être » en alerte orange alors que l’ on est déjà passé en alerte orange. On diffuse donc un bulletin obsolète le jour d’un cyclone ! Les jeunes écriraient LOL sur leurs SMS.

Le même, jour, dans la presse, France-Antilles affirme dans la sublime rubrique « Faits divers » (faits d’hiver ?) que le cyclone devrait passer au nord…. No comment.

 

Tout ce fatras d’informations contradictoires montre que les personnes concernées ne comprennent pas leur rôle. Il s’agit d’avertir pour provoquer des habitudes préventives avant un risque majeur, et dans ce contexte la question du doute n’a pas de place, car elle s’insère tout naturellement dans le fait météorologique. Je crois que l’on prend nos compatriotes pour des imbéciles. Les martiniquais savent bien qu’un cyclone peut dévier, passer au nord etc… Nul n’est besoin de leur répéter. Il faut leur dire que le risque est important et insister pour que la préparation se fasse car c’est cette préparation qui limite les dégâts.

Désolée à Monsieur De Grace, mais, la prochaine fois, on te demande de nous dire si oui ou non il y a risque, si celui-ci est important, et que tu nous donnes le maximum de précisions possibles sur la nature de la bête, et évite de nous étaler tes doutes qui ne servent à rien sinon à démobiliser une population qui DOIT être mobilisée, d’autant que cela faisait plus de 2O ans que cette population n’avait pas connu de phénomènes cycloniques.

 

 

Et bonsoir Chez vous.

 

Marie-Line MOURIESSE-BOULOGNE