Bondamanjak

« Cette volonté de voler nous…l’avion »

Jeudi 27, après un réveil matinal et une heure de préparation administrative le décollage de Nassau se fait 0 7h43, cap 133 pour une heure d’arrivée estimée en 2h00. Finalement avec un vent de face mais un paysage à couper le souffle on atterrit à Stella Maris en 2h18. Un rapide fuel stop, les formalités de sortie et bien sûr un coca et un kit kat, nous voilà en route pour Turks & Caïcos / Providenciales. L’arrivée se fait 2h54 plus tard. L’étape était longue mais l’avion est mieux maîtrisé et la succession d’îles rend le voyage extraordinaire. La maîtrise de l’anglais est plus facile mais les accents sont tellement différents… L’arrivé est simple, les formalités aussi et l’assistance (FTO) est de qualité, mais le prix de l’AVGAS (carburant…on pense toujours aux non initiés…) est prohibitif.

45 minutes après, décollage pour l’étape la plus délicate. On décide d’un niveau, 3500 pieds, afin de garder le contact radio le plus longtemps possible. L’arrivée doit se faire à Saint Domingue / Puerta plata. La traversé se fera en 2h24. Nous sommes épuisés mais très content que tout se soit parfaitement passé. Le parking est étrangement simple, l’assistance au sol efficace même si le « on » nous rappelle que la « situation est difficile à Saint Domingue » et que il faut donner un « pourboire » notamment demain matin pour éviter de finir à la case prison si c’est dans l’humeur de celui qui nous réceptionnera… Après une petite négociation pour le taxi on arrive à l’hôtel. Le taxi viendra à 6h le lendemain. Nous sommes réellement fatigués, mais 7h36 de vol dans la journée ça n’a pas de prix ! Dernière vérification des routes… qui nous conduit à une grande décision : nous tenterons la traversé Punta Cana vers Saint Thomas sans stop à Puerto Rico.

Vendredi 27, après un réveil à 5h30, notre taxi arrive à 6h pour nous déposer à l’aéroport de Puerto plata. Le jour se lève doucement à notre arrivée. Nous gérons les formalités. Le départ est prévu pour 7h25 heures… pour un décollage finalement quasi à l’heure. Notre log de navigation refait la veille au soir prévoit un quasi direct sur Punta Cana (MDPC) en 1h11, mais à mi-chemin, nous sommes obligés de slalomer entre les nuages, de monter à 3500 pieds, de descendre à 2000 pieds. Le paysage du nord de Saint Domingue est magnifique avec un « océan » de verdure. Nous prenons un cap vers la mer pour éviter, autant que possible, les montagnes et les turbulences associées. Le voyage a duré 1h20 de plus mais avec presque sans turbulence.

L’arrivée à Punta Cana se fait dans le FBO (Service d’assistance aux avions privés) c’est classieux et le service est de qualité ! Le service Fuel nous refait le plein. Guimy s’occupe du plan de vol tandis qu’Erol commence à préparer l’avion. Après quelques minutes, nous faisons la purge d’essence afin de vérifier s’il n’y a pas d’eau dans l’essence. Ça semble convenir.

Arrive ensuite l’étape la plus compliquée… La veille nous avions décidé de tenter une navigation de 2h45 de Punta Cana à Saint thomas (TIST) et de ne pas stopper à Puerto Rico. Nous essayons d’optimiser la route, les paramètres moteurs et le cap de l’avion afin de gagner un maximum de vitesse sur l’eau. Nous arrivons « travers » l’aéroport Rafael Hernandez (TJBQ), nous sommes en avance de 5 minutes sur nos prévisions. Nous montons un peu à 3500 pieds, nous décidons de trouver un compromis entre le direct et le cheminement afin de respecter nos prévisions. Ce sera un direct vers San Juan puis nous éviterons soigneusement de survoler la ville en étant très « courtois » avec la tour. Mais le moteur semble avoir un petit raté, nous sommes à 2000 pieds. Après un rapide contrôle, nous constatons que nous n’avions pas assez enrichi la mixture en descendant et qu’elle est restée sur la position appauvrie que nous avions utilisé à 3500 pieds…

Gros coup de stress, mais nous continuons notre route vers San Juan que nous appréhendons un peu. Apres un léger virage de 5° sur la gauche pour s’éloigner de la ville et un contact avec la tour, finalement extrêmement « gentille », qui nous guide vers la côte Est de l’île, nous commençons la deuxième étape sur l’eau afin d’arriver à Saint Thomas (TIST). Un avion Cessna Caravane fait le relais radio pour nous à deux reprises pour la tour de contrôle de San Juan, car nous volons très bas à 2000 pieds afin d’éviter les turbulences des nuages qui sont autour des 4000 pieds. L’arrivée à Charlotte est « sportive ». Il y a des cisaillements, la montagne est sur notre gauche mais Guimy gère l’arrivée sur ce énième terrain avec douceur et précaution. Nous avons volé 2h52. La prise en charge est immédiate par l’immigration, le fuel rapide, mais les douaniers passent l’avion au scanner… Nous sommes en territoire américain. Après quelques questions et vérifications, le douanier en chef se moque de nous et de la taille de notre avion et nous souhaite bon vol.

Nous revérifions soigneusement l’avion, notamment le moteur, l’eau et les crasses éventuelles dans l’ACGAS afin que nous puissions arriver sans encombre, mais rapidement… au cas où l’immigration change d’avis.

Le plan de vol vers Saint Martin / Grand Case (TFFG) est envoyé par Radio afin de gagner du temps. Au point d’attente E (écho) la tour nous demande de passer « derrière » un décollage, puis un atterrissage. La tour nous autorise enfin à nous aligner pour le décollage. Plein gaz… pied sur les freins, on lâche tout… L’avion décolle court. On prend un léger cap sur la droite (sud) afin d’éviter une antenne identifiée sur le terrain. Cap direct au 111 vers Saint-Martin. La fatigue commence à se faire sentir mais il est tôt et l’envie de rentrer en terre française est très forte. Le temps de vol est prévu pour 1h23. L’approche de Juliana 1h30 plus tard nous rassure, l’accent à la radio devient plus facile. On nous demande de passer sur la fréquence de Grand Case, et naturellement Guimy continue en Anglais…

Mais là s’en est trop… La réponse suivante est en français. L’atterrissage est très délicat avec un vent d’est de 26 nœuds… entre les 2 montagnes mais Guimy maîtrise. 1h48 jusqu’à la fin du roulage. Après un parking rapide nous rangeons rapidement nos affaires. Il est temps de se reposer. Cette troisième journée a été rude mais nous sommes heureux de nous rapprocher de notre destination finale.

Samedi 28,

la fin du voyage se profile. Un pilote avait dit a un autre pilote qu’il y avait du carburant à Grand Case, l’information était fausse… évidement. Un pilote de Saint-Martin nous donne la meilleure solution : aller faire le plein à Anguilla. La décision est vite prise. L’aéroport d’Anguille est petit et peu fréquenté par rapport à celui de Juliana (Sint Marteen). De plus les taxes sont raisonnables 10 USD contre les 100 annoncés pour Sint Marteen. On décolle par la piste… Le temps de remettre le deuxième GPS en route Anguille est déjà à vue, Cap Nord. Contact de la tour… et après 6 minutes de vols nous sommes en approche du terrain. On laisse tomber les outils de navigation pour se concentrer sur la qualité de l’approche. On re-fuelle (la langue aéronautique est créative !) rapidement, le carburant est abordable, mais l’appareil de paiement par CB est en panne, le bureau nous propose de payer en espèces. Il reste des euros. Mais la conversion est de 1 euro pour 1 dollar. Pas le choix… On prend aussi un litre d’huile afin de faire l’appoint d’huile. On purge à nouveau les réservoirs, il y a beaucoup d’impuretés. Après deux purges tout à l’air ok pour la dernière étape.

La tour a notre plan de vol, le décollage vers Pointe-à-Pitre est autorisé, l’avion est aligné. Le décollage est classique, le vent un peu fort mais régulier et sans cisaillement. Le cap vers Saint Kitts est pris. Travers Saint-Martin, on contact l’AFIS (Aérodrome non contrôlé où le service d’information de vol et le service d’alerte sont assurés au bénéfice de la circulation d’aérodrome) pour lui donner notre position. Elle nous demande de nous reporter sur la fréquence de Juliana. Les fréquences sont déjà prêtes… le report est fait… Après quelques minutes, le moteur affiche une perte de puissance claire et pendant plusieurs dizaines de secondes, nous ne perdons pas d’altitude, mais la situation est suffisamment inquiétante pour que nous réfléchissions à un aéroport de déroutement. Saint Kitts est à 20 minutes, Saint Barthélemy à 3 minutes 45. Le moteur tourne à nouveau correctement. La tension est palpable mais l’équipage reste calme et met en place les procédures. Mixture plein riche poussé, réchauffe carbu poussé et puissance maximum. Le GPS confirme que le déroutement sur Saint Barth est le plus court, mais c’est l’un des terrains les plus difficiles de la Caraïbe avec une qualification aéronautique obligatoire. Guimy lance un Pan Pan Pan (Message de détresse) à deux reprises pour Juliana qui reporte à l’AFIS de Saint Barth.

Saint Barth ne nous entend pas pour le moment. Une minute plus tard, l’agent très calme nous autorise à nous poser. On lui demande son assistance. Erol a déjà assisté à l’atterrissage lors de voyages avec une compagnie aérienne, Guimy l’a fait plusieurs fois en simulateur. Arrivé très prés de la route, Guimy maintient la puissance, essaye de garder un 70kt puis plonge au seuil de piste. Il n’y a pas beaucoup de vent mais la plage est très visible au bout de la piste. Guimy maîtrise au milieu de la piste… Un petit demi-tour et l’agent nous demande de nous mettre près des pompiers. Nous descendons de l’avion, fiers et contents d’avoir pris LA bonne décision… et d’être arrivés sur le terrain. Après une explication aux pompiers, puis à la douane puis à l’AFIS qui nous a aidés, un mécano vient vérifier l’avion l’après-midi. Mais finalement, il est proche de sa destination finale et nous décidons de le laisser sur place pour une visite plus approfondie après ces 20h de convoyage. Nous pourrons faire la dernière étape dans quelques jours et finir le voyage…

Rien de tout cela n’aurait été possible sans l’énergie, qui anime la poignée de passionnés, qui administrent l’aéroclub Martinique, créé il y a un an et présidé par Raymond Dupond, ancien sous-directeur de la DGAC Antilles Guyane. Ses membres sont issus d’horizons divers : informaticiens, pilotes professionnels, pilotes ULM, administratifs…

Ils souhaitent partager cette passion avec d’autres, des jeunes notamment et proposeront bientôt un vol gratuit a gagner lors d’un concours pour les jeunes avec Bondamanjak.