Bondamanjak

Réponses de gilles dégras aux questions de William Caster

  
Cher William, 
Je viens de lire ton post. J’aurai pu y répondre dans un live libre. Mais je me suis senti coupable de vouloir minimiser ton questionnement. J’ai donc relu. Et ton texte est d’une sensibilité rare. Aussi, je fais le choix d’échanger longuement avec toi. Avec tout ceux qui aujourd’hui s’interrogent sur l’avenir de la Martinique. 

En effet, depuis le 18 juin 2015, je me pose comme toi, comme tes amis, des questions. 

OÙ VA LA MARTINIQUE ?

Cette question me semble essentielle. Incontournable.

 Celui où celle qui toise cette dérangeante interrogation est volontairement, un muet, un sourd, un aveugle.

Depuis 12 jours, j’ai vu le système en place dans l’île, je n’ose pas dire la gouvernance, démonter toutes les valeurs qui constituent le socle de notre société. « On n’est pas responsable de ce que fait son enfant »… »…ses parents n’ont rien à voir dans cette affaire »…pour défendre l’indéfendable tous faisaient de l’éducation, de la famille, des options facultatives dans la vie d’un être. 
Quand j’étais étudiant, j’avais une ligne de conduite, car je pensais à ma mère. A la souffrance abyssale qu’elle pourrait vivre si je déconnais. C’est l’éducation et l’amour qui offrent ce précieux garde fou. J’aime ma mère. J’aime ma famille. Je ne ferai rien pour les faire souffrir. 

Gilles (ou Mr Degras, dsl mais j’ai pris l’habitude ) Je vais faire abstraction du post… je profite du peu de commentaires  Quelle est votre motivation ? Quel est le but de ce blog ?  Je veux comprendre… Je ne vois que des cancans… On me dit souvent : « Pourquoi tu continues à aller dessus ? »

– Quel est le but de ce blog ? 

-Ce blog a une histoire. Le 12 janvier 1993, après 9 ans en France hexagonale, je rentre en Martinique, billet aller simple après avoir vu aux Halles le film Siméon de la réalisatrice Euzhan Palcy . Dans la salle de projection, une phrase d’une chanson du groupe Kassav me déchire l’âme autant que le cœur . « A la lot bò an téké lé mò ». De retour à la réalité, dans un pénible plan séquence je me rends dans une agence de voyages. 1230 francs plus tard, je suis en mode cahier d’un retour au « pays » natal. 

Un retour sans aucune piste de travail…rien. Heureusement je rencontre Jean-Marc Remer. Un homme intelligent. Pire..  brillant. Il sera le créateur de Bondamanjak. Un jour, sur les hauteurs de Balata…il me dit avec son verbe au rythme ponctué… « J’aime ta façon d’écrire, ta structure mentale, on va faire un truc avec ça. Ça va s’appeler …Bondamanjak…et dans un rire de rajouter « On va mettre du piment dans la presse ici. » 

4 Octobre 1994 le numéro 1 de la version papier de BMJ est mis en vente. L’aventure va durer jusqu’en juin 1995. La grève des banques est passée par là. Chacun part de son côté . Je me retrouve grâce à José Huygues-Despointes, concepteur-rédacteur en publicité dans l’agence Publicara. 

En 2001, je rencontre Jean-Marc, ce redoutable commercial a rebondit. Mais je ne lui pose pas de questions. Je n’ai qu’une requête. « Tu me permets de reprendre Bondamanjak sur internet ? Je travaille dans la publicité mais j’éprouve le besoin d’écrire. » JMR me donne son ok. Il sourit largement. Je comprends qu’il n’y croit pas. Néanmoins on se quitte bons amis. 

Je veux comprendre… Je ne vois que des cancans… On me dit souvent : « Pourquoi tu continues à aller dessus ? »

-William…ce que tu appelles des cancans …c’est la réalité en Martinique. Tu me vois navré. Ce n’est pas par plaisir que je relate le glaire, le glauque qui tous les deux œuvrent dans cette île.

– L’affaire Magalie Méjean …c’est un cancan ? 

-La mort de Alexandra Dailloux c’est un cancan ? 

-Le népotisme au Conseil régional c’est un cancan ? 

-La débâcle du tourisme c’est un cancan ?

– La drogue ? 

-La violence…

-La délinquance …

-Les arnaques Boodoom et EXPAY, 

– La SEMSUD …

-Le Ceregmia…

le scandale financier de la SOFIAG ce sont des cancans ? 

Ben parce que malheureusement vous avez gagné en visibilité (via la polémique), que je tombe dessus sans le vouloir. 

La visibilité de Bondamanjak c’est le fruit d’un travail conséquent. Je n’ai pas de filon chez Google. Je n’achète pas des encarts publicitaires sur les moteurs de recherche. Pourtant l’audience est là. 1 200 000 visites par mois. Je suis désolé. Mais je ne me plains pas. Je laisse ça aux autres. 
Aussi, l’audience n’est plus mon souci premier. Bondamanjak informe. Point barre.
Et mon sang se glace parfois face à l’inutilité (c’est subjectif) de vos propos. Vous nourrissez les vieux démons makrels d’Antillais, ancrant certaines bêtises chez certains, plantant la mauvaise graine chez d’autres. Personne ne peut faire l’unanimité je vous l’accorde… Mais si je suis abonné à BDMJK c’est uniquement par vestige de vos beaux jours (il y a 2 ou 3 ans); des articles peut etre moins engagés mais pour le moins interessants. 

Je ne me voile pas la face. Et c’est en disant la vérité qu’on fera face à la réalité. La notre. Je suis conscient que je dérange. Quand je reçois des menaces …je pense modestement à André Aliker et j’informe mon avocat qui commence à compiler les captures d’écran. 

Svp, soyons honnetes, Bdmjk est plus qu’un simple blog. Cette casquette de journaliste que vous voulez porter aurait pu vous aller, sauf que vous la mettez à l’envers. Et en parlant de casquettes à l’envers, puisqu’ici c’est le paradis des amalgames, parlons des jeunes que vous touchez. J’en fais partie et dans mes groupes vous ne représentez pas vraiment une Martinique qui avance. Vous nous freinez… Et des preuves, je peux en fournir.
Mon avocat me harcèle. « Monsieur Dégras …il faut réclamer la carte de presse ». Il a raison. Depuis toujours. Cette fameuse carte me fait chier…car je ne me sens pas français. Le hic c’est que je ne suis pas encore un martiniquais …puisque la Martinique n’est pas un pays souverain, n’a pas un drapeau crédible comme ses voisins proches.  

La jeunesse est un état, pas un statut. Mon conseil aux jeunes. Le danger c’est quand la propagande se cache derrière un beau masque de communication. C’est grave et le conseil régional est en plein dedans. Comment expliquer que la Martinique avance avec 53 000 chômeurs. Le cas du lycée Schoelcher est un bel échec .

Encore une fois je n’exprime pas ma colère mais ma déception. Bien sûr la réponse habituelle sera : « si tu n’aimes pas ne lis pas ». Sauf que c’est juste trop facile. Et je n’ai aucune envie que CERTAINES de vos idées ne deviennent des batôns dans mes roues plus tard; puisque j’espère pouvoir rentrer au pays pour le dynamiser.

William…j’aime la Martinique autant que vous..toi et tes amis (es). Sauf que j’ai accès aux mensonges et autres leurres qui gangrènent ce territoire. En parlant de mensonge…celui de l’actuel président de Région m’inquiète beaucoup. Mentir sur un média, les yeux dans les yeux à l’instar d’un certain Cahuzac est une faute grave. Car la drogue est un fléau. C’est le sang du diable qui tue lentement mais sûrement ce bout de terre que toi et moi…nous aimons.
gilles dégras