Serge Letchimy : l’urbaniste-roi de la SEMAFF, cumulard de mandats… et « victime » appauvrie ?
Serge Letchimy n’est pas un simple élu de passage. C’est un homme qui a tenu tous les leviers : technique, foncier, politique, financier.
• Urbaniste de formation, docteur en urbanisme. 
• D’abord chef du service urbanisme à la ville de Fort-de-France. 
• Puis, en 1988, la ville crée la SEMAFF, société d’économie mixte d’aménagement de Fort-de-France, pour piloter les opérations de construction, d’aménagement, de maîtrise d’ouvrage et de foncier. 
• Qui retrouve-t-on à la tête de cet outil stratégique ? Serge Letchimy, directeur général de la SEMAFF, avec logement de fonction qu’il fait entièrement refaire. 
Autrement dit : il conçoit la ville, il contrôle l’outil qui aménage, il bénéficie des avantages de la structure.
Ensuite vient la longue chaîne des mandats :
• conseiller général,
• maire de Fort-de-France (successeur de Césaire),
• président de la CACEM,
• député,
• président du Conseil régional,
• président du Conseil exécutif de la CTM. 
Pendant plus de trente ans, jamais un jour de vide : toujours un poste, un mandat, une rémunération publique. Il est partout, tout le temps.
Et c’est ce même homme qui, aujourd’hui, explique qu’il se serait « appauvri » en politique et qu’il aurait simplement « suivi » les consignes du maire et de son DGS dans l’affaire de sa réintégration administrative de 2016.
Les faits reprochés sont clairs :
• Réintégré comme fonctionnaire territorial début 2016 à la mairie, alors qu’il est député. 
• Trois mois de salaires et charges pour la collectivité (environ 34 000 €).
• Puis prime de départ à la retraite (environ 67 000 €).
• Puis pensions de retraite (environ 97 000 € entre 2016 et 2019). 
Le parquet et la presse parlent d’un montage assimilable à un emploi fictif : réintégration de pure convenance, sans activité réelle, uniquement pour ouvrir des droits à retraite et à indemnités. 
Face à ça, Serge Letchimy plaide… la naïveté procédurale. Il aurait « fait confiance », « suivi », signé sans vraiment maîtriser. L’homme qui dirigeait l’urbanisme, la SEMAFF, la mairie, la Région, la CTM… serait soudain un simple exécutant docile quand il s’agit de sa propre réintégration ?
Le contraste est brutal :
• Quand il s’agit de pouvoir et de structures lourdes comme la SEMAFF, il sait très bien ce qu’il fait.
• Mais quand il s’agit de dizaines de milliers d’euros versés grâce à une procédure borderline, là, tout à coup, il ne savait plus, il suivait.
Politiquement, c’est dévastateur :
• On ne peut pas se dire héritier de Césaire, architecte du destin de la Martinique, et venir ensuite se cacher derrière la signature d’un DGS pour justifier ce que beaucoup perçoivent comme un emploi fictif monté sur mesure.
• On ne peut pas cumuler urbanisme, SEMAFF, mandats, logement de fonction, retraites et indemnités, puis venir expliquer au peuple qu’on est sorti « appauvri » de ce système.
La justice dira le droit.
Mais l’image, elle, est déjà écornée voire en cornet car pas encore née ni encornée : du maître d’œuvre de la SEMAFF au « suiveur » qui se dit appauvri, le récit ne tient plus. Et c’est sa crédibilité politique qui s’effondre en premier.
gilles dégras