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Tour de Martinique des subventions européennes

Par Lisa DAVID.

La fin de l’année 2012 a été marquée par la grève de deux semaines des marins pêcheurs de Martinique, victimes des arrêtés d’interdiction de pêche dans les zones maritimes polluées par le chlordécone. Ils réclamaient une aide d’urgence de 5 millions d’euros et, pour se faire entendre, ils ont bloqué le port de Fort-de-France pendant 10 jours, avant que leur colère ne soit éteinte, étouffée par une poussière de 3,5 millions d’euros.

L’Etat ne déboursera que 2 millions et sous la houlette du Député Serge Letchimy, président du Conseil Régional, les deux collectivités sont venues au secours des pollueurs qui ne seront pas payeurs, en proposant une contribution de 1,5 millions d’euros. (50% payés par chacune des collectivités).

Les requins s’empiffrent … Pauvres pêcheurs !

Les pollueurs ne seront pas payeurs même s’ils sont bien payés par la PAC (Politique Agricole Commune). Chaque année les millions pleuvent, autant que les pesticides, sur les plantations. Des aides directes à l’hectare et qui relèvent du Fonds Européen Agricole de Garantie (FEAGA). S’y ajoutent les aides indirectes liées au développement des territoires, qui dépendent du Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural (FEADER).

En 2009 dans un article sur ces subventions européennes qui proviennent en partie de nos impôts, nous citions ce constat de Pierre Boulanger, chercheur au groupe d’économie mondiale de Sciences-po et qui conduisait un programme de recherches sur la politique agricole commune  « Des montants considérables sont versés dans les DOM (départements d’outre-mer). Au regard de l’actualité de ces derniers mois, il est opportun de se demander si ces sommes créent des emplois et sont redistribuées localement ou si elles ne bénéficient qu’à une minorité de riches familles de békés. » La question est toujours d’actualité. Les gros planteurs békés perçoivent tous des sommes approchant et dépassant le million.

L’Outre-mer est toujours bien servi. Pour la période allant du 16 octobre 2010 au 15 octobre 2011, dans le top 10 des agro-millionnaires français on trouve la Sucrière de la Réunion (31 millions d’euros) Gardel en Guadeloupe avec ses 13,6 millions d’euros et à la Réunion l’Usine Sucrière de Bois Rouge avec 13,4 millions d’euros.

La Martinique qui représentait 82% de la production totale antillaise en 2010 et 75% en 2011, n’est pas en reste. Il est intéressant de souligner que malgré la grève de 2009, accusée de tous maux de l’économie, ces 75% sont en dessous du niveau de 2009, selon l’INSEE.  Contre vents et marées, les planteurs békés remportent toujours l’Euromillion  de subventions. Jean-Michel Hayot devrait figurer dans le Top 10 avec ses 16 millions reçus en deux ans pour 4 habitations.

 Hou voici le Loup 

A l’approche de la création de l’Union européenne, la chanson  de Djo Désormeaux, « Ouh voici le Loup », a rencontré un succès populaire à la mesure de l’inquiétude suscitée par  l’Europe.  Mais le loup a pris le visage des riches planteurs de banane, semeurs de chlordécone et autres pesticides. Ils ont avec la complicité des gouvernements de Droite, comme de Gauche, empoisonné le sol, la mer et la santé des Martiniquais. Interdit aux Etats-Unis depuis 1976 en raison de sa toxicité, le chlordécone a été utilisé massivement dans les plantations de bananes des Antilles françaises jusqu’en 1993. Les conséquences  sanitaires pour le pays commencent seulement à être connues, malgré les tentatives  du lobby bananier de décrédibiliser les chercheurs qui les révèlent.  500 cancers de la prostate sont détectés chaque année en Martinique. Qu’importe, la culture massive de la banane-euro continue et les gros planteurs obtiennent régulièrement du Préfet, les dérogations autorisant l’épandage aérien de pesticides, ceci avec l’appui du Conseil Régional de Martinique présidé par le Député Serge Letchimy.

Récemment, la page Facebook d’un jeune béké, Guillaume De Reynal, a fait le buzz en Martinique. Le 28 décembre, mécontent du blocage du Port par les marins pêcheurs en grève, il écrivait sur son mur cet irresponsable conseil : «Avis à tous mes contacts hors de Martinique. Faites passer l’information que le port de Martinique est bloqué depuis plus d’une semaine par une minorité pour leurs besoins personnels. Et incitez vos amis à ne jamais venir en Martinique. Il vaut mieux laisser ce pays pourrir et disparaître. »  Il n’a manifestement pas consulté sa famille avant de se lâcher sur le réseau social. Parce qu’au vu des montants versés par la Pac pour les exploitations de parents, il trouverait des slogans à afficher sur sa page. « Martinique terre de subventions » ou « Savez vous planter des subventions, à la mode de chez nous », seraient plus attirants pour ses « contacts hors de Martinique ».

 

Les plantations de Gilles de Reynal côtoient souvent le million. Grace à lui Fort-de-France compte son agri-millionnaire avec la « Bagatelle » (domiciliée en 2011 dans la capitale sur la liste de la PAC). Deux millions en 2011  (2 076 713,51€).  Domicilié au Gros Morne lors du versement de 2010, la « Bagatelle » obtenait cette année 2 026 541,50€.

Son Habitation « La Richard » à Sainte-Marie (qui fait l’objet d’une procédure collective du Tribunal de commerce en date du 8 décembre 2008), a bénéficié en 2010  au titre du Feaga, son million habituel (1 726 661,80€).  Pour 2011, le montant est de 1 751 521,57€. Total pour deux ans,  plus de 3 millions (3 478 183,37€).

En 2010 sont attribuées à sa plantation « Cheneaux » de Macouba, 649 688,59€. Une légère progression en 2011 avec 653 518,25€. Cette exploitation a été placée en redressement judiciaire depuis le 29.05.2007 et en avril 2009, le Tribunal de Commerce a enregistré une augmentation de capital, suite à un apport du Groupe Foncier Agricole de Cheneaux.

Pour la canne à sucre, ce patron et administrateur de dizaine d’entreprises en Martinique, Guadeloupe et Guyane dont les associés se comptent toujours dans le cercle très fermé des békés, obtient pour la « SA Lapalun » à Rivière Salée, un petit montant de 47 623,31€. En légère diminution par rapport à l’année précédente 51 117,81€.

C’est bien connu, la banane est aussi riche en chlordécone qu’en subventions. Pour l’habitation « Perpigna » de Macouba, placée en plan de redressement par jugement du Tribunal Mixte de Commerce le 27 novembre 2008, les aides européennes continuent.  En 2010 le montant s’élève à 431 105,63€. Pour 2011, la PAC se montre un peu pingre et attribue au titre du Feagea 434 414,11€. Le patron Gilles de Reynal n’a quand même pas de raison de se  plaindre de l’Europe  qui verse en deux ans 8 millions d’euros.

Fréderic De Reynal De Saint-Michel trouve son « Eden » dans la jolie commune fleurie d’Ajoupa Bouillon. Son Habitation au nom si évocateur de paradis sur terre (même chlordéconée),  a reçu 940 136,08 € en 2010 et pour 2011 au titre du Feaga et du Feader 1 592 821,07 €. L’Union des Producteurs de Bananes de la Martinique qu’il préside à Ducos, se rapproche du million avec 829 629,29 € en 2011.

Au Lamentin la plantation « SARL Union » dont le gérant est Cyrille De Reynal remporte plus d’un million du Feaga 1 744 118,74 €.  Un léger recul par rapport à 2010, une année plus généreuse avec près de deux millions (1 957 932,96€).        Une autre de ses habitations au Lamentin, la « Sarl Exploitation Agricole Sud-Est » a perçu le million pour 2010 (1 208 37,02 €)

L’Habitation Gondeau de Henri De Reynal De Saint Michel ne gagne en 2011 que 476 492, 71€, et pour son EARL Ban Union,  toujours au Lamentin, une aide de 423 222, 19€.

La famille De Reynal plante des bananes et récolte des subventions comme tous les gros planteurs békés. La « Sarl Soudon » de Tanguy De Reynal de Saint-Michel s’approche lentement du million. En 2010 ce n’est que 516 879,37€, mais l’augmentation est conséquente en 2011 avec  822 560,23€.

 

La banane, rien ne peut l’abattre. Seuls les euros peuvent s’abattre sur la banane.

 

Au Lamentin, ville la plus commerçante du pays, la banane se porte bien.

 

Pour ses 4 exploitations, Jean-Michel Hayot remporte 16 millions d’euros en deux ans. (16 105 586,48)

 

Son exploitation agricole « Petit Morne »  approche les 4 millions en 2010 (3 963 607,02€). En 2011 c’est 4 millions (4 029 020,68€).

 

Juste à coté, il obtient en 2010, pour son « Habitation Bochet » 1 167 500,23€ et en 2011 Feaga + Feader rapportent 1 368 692,60€.

 

Son « Habitation Trianon » voit arriver le gros lot de la PAC avec 1 342 220,98€ en 2010.  En 2011 nouveau million 1 349 093,42€.

 

Et pour l’«Habitation Petite Grenade » 1 445 712,09€ en 2010,  juste le temps de les compter, et l’année 2011 apporte un nouveau million (1 439 739,46€).

 

Les subventions de la PAC ne semblent pas suffire au développement des exploitations de Jean-Michel Hayot, puisqu’il a formulé des demandes de cofinancement au Conseil Général, pour les habitations « Trianon », « Petite Grenade », « Bochet » et « Petit Morne » au titre du Développement Rural de la Martinique (PDRM) 2007–2013. Ces demandes pour la réalisation de projets d’investissements agricoles ont été rejetées par la Commission Permanente en séance du 13 septembre 2012.

 

Toujours au Lamentin, une petite exploitation qui deviendra grande, la « EARL Belfort» gérée par Mmes Abel et Carine Govindoorazoo, avec presque le million en 2010 (909 382,03€) continue son approche en 2011 avec 941 802,78€.

 

Le Groupement Foncier Agricole « Chancel » de Jacques Plissonneau et Alexis Goye, obtient du Feaga et du Feader 823 757,04€ en 2010. Il accuse une  baisse en 2011 (819 305,55€).

« La Desirade », une autre de ses exploitations agricoles à côtoyer le million, perçoit en 2010 du Feaga et du Feader  931 449,73€ et une légère diminution (888 067,51€) en 2011.

 

Le « Mont Eole » de Thierry Plissonneau Duquene avec 644 203, 89€ en 2010 et 614 022,23€ en 2011 n’est pas le plus mal servi.

 

La Société Coopérative des Maraichers (SOCOPMA) dont Guy Ovide-Etienne vient de laisser la présidence, en pleine crise à Mathilde Amable,  avait obtenu du Feaga le million en 2010 (1 117 466,32€).  Son aide diminue en 2011 à 767 192,02€.

Des sommes qui n’ont pas empêché le licenciement de 28 salariés fin juillet 2012, après un plan de continuation soutenu par le Président de Région, prononcé par le Tribunal de commerce de Fort de France deux semaines plus tôt. Le 15 janvier dernier, le Tribunal a décidé de prolonger le plan de continuation de la coopérative des maraîchers en attendant une prochaine décision le 15 février 2013. La SOCOPMA accuse un passif de près d’un million d’euros.

 

Le 14 septembre 2012, le syndicat  UGTM dénonçait ce plan de continuation qui a prévu les 28 licenciements et le refus du Président de Région de soutenir le projet de reprise, préparé par le comité d’entreprise, sous la forme d’une Société Coopérative d’Intérêt Collectif. Un projet qui prévoyait de garder tous les salariés.

 

SOCOPGEL qui fait partie du même groupe que Socopma a bénéficié  de 94 723,18€ au titre du Feaga en 2010 et 164 139,39€ pour 2011.

 

Le loup Europe aime la viande martiniquaise et le prouve en attribuant en 2011 à L’AMIV (Association Martiniquaise Interprofessionnelle des Viandes) située au Lamentin 5 millions (5 278 213,14€). En 2010 le montant pouvait déjà faire envie avec 3 millions (3 817 200,21€).  L’INSEE relève qu’en 2011, le marché de 21 612 tonnes de viande,  provient de la production locale et des importations.
3 millions pour le Centre Technique de la Canne et du Sucre en 2010 et en 2011, une diminution importante avec seulement 91 558,34€.

 

Martinique Nutrition Animale (MNA) ou PROMA, d’Antilles Grain Eurl, obtient 1 327 502,72€ en 2010 au titre du Feaga  et 1 083 838,03€ en 2011.

 

Au Gros Morne « Denel » d’Alain Huyghues Despointes, pour ses confitures et jus de fruits, obtient du Feaga 456 729,92€ en 2010 et 594 973,47€ en 2011. La famille Huyghues Despointes est classée 257ème fortune de France.
Cet industriel s’est rendu tristement célèbre en février 2009 à cause de ses propos nauséabonds tenus dans un reportage de Canal Plus, « Les Derniers Maîtres de la Martinique ».  Trouvant les « bons côtés de l’esclavage », il s’est lâché « Quand je vois des familles métissées avec des Blancs et des Noirs, les enfants naissent de couleurs différentes, il n’y a pas d’harmonie ».

 

Pour sa charge qualifiée « d’apologie de crime contre l’humanité » qui a soulevé une vague d’indignation en Martinique, ce béké a été condamné en juillet 2011 par la Cour d’Appel de Fort de France,  à 20 000 euros d’amende (contre 7 500 en première instance) ainsi qu’à la publication de la décision dans la presse. Et pour la Licra (la Ligue Internationale contre le Racisme et l’Antisémitisme) partie civile,  2 500 euros de dommages et intérêt. Il s’est pourvu en cassation.

 

Kapot ka baw million pou lavi

 

Dans le Nord de Martinique, Basse-Pointe est fière d’être la ville natale du plus illustre fils du pays, Aimé Césaire, poète et chantre de la négritude.  L’histoire dit que sa région fut l’une des plus convoitée par les colons qui en chassèrent les Caraïbes  pour la richesse de sa terre. Avec le chlordécone on sait que sa terre ne vaut plus grand-chose, mais la richesse de ses subventions pourrait bien attirer de grands reporters enquêtant sur la générosité de la PAC dans DOM.

 

Un planteur tire le gros lot chaque année pour ses exploitations bananières. Bertrand Aubéry à qui la CGTM reproche des persécutions subies par les délégués du personnel, a vu arriver dans ses caisses plus de 5 millions d’euros (5 577 054,24€) en 2011 :

Pour son «Habitation le Verger» de Basse-Pointe il remporte encore le million ces deux dernières années avec au titre du Feaga, 1 239 550,12 € pour la période du 16 octobre 2009 au 15 octobre 2010. En augmentation en 2011 pour atteindre 1 408 778,95€.

Selon la CGTM, « si l’ensemble des entreprises de Bertrand Aubéry compte plus de 500 travailleurs, le « Verger » comptabilise un effectif de 46 ouvriers. « Car il faut savoir que sur les habitations de B.Aubéry, l’effectif de salarié n’atteint jamais le chiffre 50, tout simplement parce que ce seuil permet au syndicat de désigner un délégué syndical et oblige l’entreprise à organiser des élections pour le Comité d’Entreprise. »

 

Le slogan « Kapot ka baw million pou lavi ! » pourrait être le slogan publicitaire de son habitation « Capote » avec son million et demi (1 535 358,66€) en 2010.  Les subventions, on imagine,  ce n’est pas comme la stagnation des salaires des fonctionnaires. L’augmentation est assurée chaque année : 1 542 846,39€ en 2011.

 

Autre terre chlordéconée et subventionnée l’habitation « Gradis » qui pourrait planter gratis, tellement les millions y pleuvent. 1 346 323,49€ du Feaga en 2010 et 1 355 100,12 pour 2011.

Sa voisine « Moulin L’Étang » remporte en 2010 au titre du Feaga, 1 481 073,10€  et 1 490 328,78€ pour 2011.

 

Bertrand Aubéry n’est plus le gérant de l’habitation « Jardin Clément » à Basse-Pointe. Nouveau gérant depuis le 13 décembre 2009, Jean Mouilou, a pu constater la richesse de ces terres en subventions. 1 402 508,93€ en 2010 et 2011 apporte une légère hausse (1 407 428,70€).

 

L’habitation « Ban Hackaert » de Jean-Jacques de Jaham n’a pas atteint le million.  Seulement 826 313,22€ en 2011. En augmentation par rapport au précédent versement 739 407,14€ en 2010.   Dans le même quartier  son exploitation « Foma Hackaert,  co-géré » avec Joseph Gouyer, obtient du Feaga 750 530,68€ en 2010 et en 2011, un peu plus (757 173, 98€).

 

« Leyritz Senecourt » de Joseph De Laguarrigue de Meillac à Basse-Pointe, obtient pour da « culture de légumes, de melons, de racines et de tubercules » sur une terre qu’on espère non empoisonnée par le chlordécone, 642 403,33€ en 2010 et en 2011 du Feaga 645 550,19€.

 

Une autre habitation de la ville du Nègre fondamental touche le jackpot. L’habitation « Eyma SARL » ayant pour gérant Olivier d’Avout, gagne en 2010 son million (1 458 106 ,97€) et en 2011 ça grimpe à 1 465 539,96€.

Les syndicats dénonçaient il y a quelques mois la tentative de la direction de cette habitation, de licencier une salariée après un accident de travail, reconnu par l’entreprise. « A cause du chemin limite praticable la salariée a été projetée hors de son siège ce qui lui a provoqué des lésions au dos et aux cotes. L’inspection du travail a dû intervenir pour que les droits de la salariée soient examinés et notamment l’obligation d’une recherche de reclassement. »

 

Pour son autre exploitation, « Dupotiche », située dans la commune voisine, Macouba, le montant est de 1 479 553,86€ en 2010, puis 1 492 509,43€ en 2011.

 

Heureux planteurs que ceux de cette commune du Nord où si on lève les yeux au ciel, implorant un cyclone de subventions, on aperçoit au dessus de l’église une cloche au nom évocateur de peur pour certains, d’étoiles européennes pour d’autres, la « cloche du Loup-garou ». Encore une histoire de loup.

 

Voisine de Basse-Pointe, la petite commune de Macouba s’étale sur 17 km². Assez pour que les exploitations soient arrosées de millions. Si les bananeraies, subventions aidant,  ont envahi les terres jadis plantées en cannes, il en reste encore assez pour que le rhum JM fasse la fierté de la commune.

 

La « Sarl Macouba » de Marie-Joseh Marraud Des Grottes se voit attribuer en 2010 au titre du Feaga et du Feader 1 270 481,06€ et en 2011 la somme de 1 317 774,64€.

 

Moins arrosée par la PAC, la plantation « Potiche » de Raphaël Assier de Pompignan ne bénéficie que du demi million 563 430,23€ en 2010 et 598 212,30€ en 2011. C’est quand même le million en deux ans.

 

Puisque l’Europe est généreuse avec les planteurs des Antilles, l’Association ASA des Planteurs de Basse-Pointe et Macouba obtient en  titre du Feader, une aide de 2 millions (2 149 073 85€). Attention ça baisse en 2010 pour un seul petit million (1 310 267,72€).

 

Le Groupement d’Intérêt Economique Maraîcher et Horticole de la Martinique (GIE MHM) dont Guillaume Laguarrigue De Meillac est le contrôleur de gestion, reçoit 799 233,34€ en 2011.

 

Dans le Nord toujours,  le Lorrain avec ses 50,3 km² ne compte qu’un agri-millionnaire en 2010 avec l’habitation Assier, gérée par Madame M.J. Genin (1 195 709,45€). En 2011 sont versés au titre du Feaga et du Feader, 1 236 056,31€.

 

Le Marigot d’une superficie de 2672 hectares, fait mieux avec ses deux agri-millionnaires. L’Habitation « Duhaumont » de Laurent Laguarigue de Meillac gagne en 2010 au titre du Feaga 1 508 258,82€, et en 2011 un peu plus, 1 527 398,55€.

Plus loin, sa Sarl « Horti Fruits » (en plan de continuation depuis le 27-11-2007) remporte 1 148 597,45€ en 2010 et 1 305 312,77€ pour 2011. Total pour deux ans : plus de 5 millions d’euros.

 

Au Robert, la « Sarl du Montvert » de Laurent et Guillaume Laguarrigue De Meillac, placé en redressement judiciaire le 27 février 2007, rapporte en 2010 699 611,94€ et en 2011, une belle augmentation avec 831 129,30€.

 

Cultiver la culture ou cultiver la banane.

 

A Saint-Pierre, classée Ville d’Art et d’Histoire, on ne sait pas si l’écrivain Patrick Chamoiseau, choisi par le Président de Région, Serge Letchimy pour sauver le patrimoine de la ville martyr, réussira à sortir le projet « Grand Saint-Pierre » de l’imaginaire.  Avec  seulement  1,5 millions du Feder (Fonds Européen de Développement Régional) réussira t-il à sauver « ce patrimoine de la déshérence et du délabrement » comme il l’espère ? Les montants octroyés pour l’agriculture peuvent faire rêver l’écrivain chargé de mission et nourrir l’imaginaire. Peut-être l’occasion d’un prochain roman. Pourquoi pas un titre du genre « Une étoile européenne éclaire la richesse de l’habitation depuis l’esclavage» ?

 

Les planteurs peuvent croire en leur projet, l’Europe pour eux se montre plus bienveillante que pour l’art. L’Habitation Parnasse Belle Etoile de Serge Ernoult retrouve son million d’euros annuel. 1 136 049,41€  en 2010 du Feaga et en 2011 du  Feaga et du Feader, 1 170 993,26€.

 

« Perinelle » de Jean-Claude Marraud Des Grottes reste agri-millionnaire avec 1 171 252,48€ en 2010 et en 2011 un peu plus 1 193 221,19€ en 2011.

 

Les aides européennes de « Socoban » de Nicolas Marraud Des Grottes stagnent au même niveau, autour des 300 000 milles euros : 329 152,68€ en 2011.

 

La Distillerie Dillon domiciliée à Saint-Pierre dans la liste de la PAC, obtient en 2011 un petit 712 339,34€.

 

Si la vannerie est l’activité ancestrale de Sainte Marie, la culture de la banane en est la plus rentable. Pour preuve l’habitation « Cafeiere » de Jean Simonet qui remporte le pactole avec,  en  deux années,  plus de 7 millions d’euros. Qu’on ne s’y trompe pas, il s’agit bien de plantation de bananes. En 2010 l’aide du Feaga s’élève à 3 546 921,86€ et augmentation nette un an plus tard avec 3 713 220,38€.

Ce n’est pas tout, puisque son « Eurl Mag Do » au François va lentement vers le million avec  790 135,03 en 2010 et pour 2011 une augmentation (806 733,86€).

 

Patron d’ « Antilles Engrais » (Fabrication de produits azotés et d’engrais) Jean Simonet qui est aussi loueur et vendeur de machines pour l’agriculture, ne s’intéresse pas qu’aux pesticides. Parmi ses nombreuses entreprises on compte « Madi Parfums » (Commerce de gros de parfumerie et de produits de beauté). Dans le riche 16ème arrondissement de Paris, il préside une société de soutien aux cultures.

 

Le Groupement Foncier Agricole « Habitation Bellevue » de Jean-Jacques De Jaham,  qui a pour objet social la « location de terrains et d’autres biens immobiliers », s’approche chaque année du million. Pour le Feaga (Fonds européen agricole de garantie) 909 466,66€  en 2010 et pour 2011, une petite augmentation (923 162€). Pour sa  Culture de fruits à pépins et à noyau sa « Bellespérance sarl »  touche en 2010 du Feaga 520 900,32€ et 645 058,29€ en 2011.

 

L’ « habitation Concorde » de Raymond Gouye remporte le million en 2010 (1 338 242,10€) du Feaga et re-million en 2011 avec 1 065 244,69€.

 

Agri-millionnaire aussi, le deuxième groupe français des spiritueux de Jean Pierre Cayard, (37ème fortune de France) avec 1 149 689,49€ en 2010 pour les Rhums Saint James et en 2011 au titre du Feaga et du Feader, 1 603 603,06€. Ce Groupe est propriétaire entre autres, des rhums « Dillon », « Négrita » et depuis peu « La Mauny ».

 

La ville de Trinité compte aussi ses agri-millionnaires.
Des millions qui ne rendent pas les patrons plus respectueux des conditions de travail de leurs ouvriers. La CGTM dénonce régulièrement le manque d’ « équipements nécessaires pour protéger la sécurité des salariés à savoir les remplacements des pneus de tracteurs, les chaînes de sécurité sur les chariots à banane, ou encore la réparation des freins des véhicules de transport des salariés. »

 

A l’« Exploitation de bananes du « Malgré Tout » d’Eric Georges Picot,  les ouvriers ont du se mettre en grève il y a quelques mois, en 2012, pour le respect du paiement des jours de fêtes locales, comme prévu par la Convention Collective de la Banane. La PAC ne se mêle pas des droits des salariés, le million est arrivé comme d’habitude. 1 103 367,82€ du Feaga en 2010, et pour 2011, le Feaga et le Feader  attribuent une aide de 1 138 801,03€.

 

Les gérants de la « SCEA Banane du Galion » M Le Guay et Georges Picot ont de quoi améliorer les conditions de travail de leurs ouvriers qui étaient en grève avec ceux de « Malgré Tout ». Cette exploitation figure parmi les agri-millionnaires en 2010 avec du Feaga 1 123 864,98€.  En 2011, du Feader et du Feaga, un peu plus avec 1 146 133,92€. Depuis décembre 2009 le Tribunal de Commerce a enregistré la transformation de la SCEA en « SARL Exploitations de bananes du Galion».

 

L’habitation « Ressource » de Jean-Luc Garcin s’approche du million avec 801 927,33€ en 2010 et autant en 2011 par le Feaga, 806,810,56€.  En prenant sa calculatrice le gérant peut être satisfait de l’Europe puisque s’ajoute pour son exploitation « Beauregard » dans la commune du Carbet, l’aide du Feaga 782 593,64€ en 2010 et 785 670,09€ en 2011.

 

La « Société d’Economie Mixte de production sucrière et rhumière du Galion » reçoit au titre du Feaga 1 066 000,00€ et le même montant en 2011.

 

A Ducos,    agri-millionnaire la société « Bellonie Bourdillon la Mauny » remporte 1 031 397,04 en 2010 et 1 193 081,38€ en 2011.

 

L’Exploitation agricole « Rivière la Manche » de Thierry Hayot gagne au titre du Feaga et du Feader 816 957,16€ en 2010 et 789 659,79€ en 2011.

 

Au Vauclin l’exploitation « Agricole de Sigy » de Charles Rimbaud remporte son million en 2010 du Feaga (1 252 889,99€). En 2011 le montant est de1 264 508,22 €. Ce planteur ne s’intéresse pas qu’à la banane puisque ses terres lui permettent aussi de produire de l’électricité avec deux entreprises qui y sont destinées.

 

Au Robert la SA « Le Moulin »  s’approche du million. Avec 884 669,28€ en 2010 et 809 197,16€ du Feaga en 2011.

 

Au François, la « SA Bamaryl » (GBH) du Groupe Bernard Hayot, 155ème fortune de France,  s’approche des 3 millions en 2010 (2 874 432,07€) mais la somme diminue en 2011 avec 1 531 093,52€.

Pour son « Habitation Pécoul »à Basse-Pointe, GBH approche des 2 millions avec 1 705 770,38€ en 2011. C’était déjà 1 690 133,22€ en 2010.

 

Lors de sa Commission Permanente du 13 septembre 2012, le Conseil Général a rejeté la demande de co-financement du Groupe Bernard Hayot, pour la réalisation de projets d’investissements agricoles, formulée pour l’exploitation « Pécoul » au titre du Développement Rural de la Martinique (PDRM) 2007–2013.

 

Toujours à Basse-Pointe, GBH augmente ses subventions avec l’exploitation « Héritiers Crassous de Medeuil  Bellevue » pour laquelle il encaisse 1 283 917,04€ en 2010 et l’année suivante 1 318 991,35€.

 

Le groupe Bernard Hayot remporte en aides européennes, pour deux ans :

Dix millions (10 404 337,6€)

 

Au François, la « Distillerie du Simon » des associés Yves Hayot, José Hayot et Jean-Luc Garcin, côtoie le million en 2010 (932  386, 15€) puis s’en éloigne en 2011 avec 714 337,12€.

 

José Hayot obtient pour sa « Plantation Saint Etienne » 491 516,26€ en 2010 et 497 281,41€ en 2011.

 

La « Sarl Citefi » d’Henri Simonet figure parmi les agri-millionnaires avec 1 190 730,97€ en 2011. Sa plantation « Grande Trace » colle au gros lot avec 960 609,08€ en 2011. Cet heureux planteur peut compter la même année sur 649 551,92€ pour son exploitation « Saint Aroman ».

 

La « Sarl Ti Fonds » d’Alain Vivies dépasse largement le ti million avec 1 768 488,14€. En 2011 la subvention agricole grimpe à 1 876 649,67€.

 

Au François, « Prud entreprise agricole » de Mme Dominique Prudent obtient du Feaga 361 571,11€ en 2010 et 362 645,54€ en 2011.

 

La PAC n’aidera pas les petits à grandir. Exemple cette petite plantation du Gros-Morne qui s’est baptisée « La Terre promise » :  elle n’obtient que 1 471,77 en 2010 et pour 2011, un peu moins avec 1 161,67€.

 

Deyè,Bwa » au Lamentin se classe loin, très loin du million. Le Feader ne lui consacre en 2010 que 486,86€, à peine de quoi payer les frais de dossier pour obtenir une aide de l’Europe. En 2011 ça devient à peine décent avec 1 454,28€.

 

Une avance, pour un montant total de plus de 3,55 milliards d’euros d’aides de la Pac, a déjà été versée par anticipation aux agriculteurs français en octobre 2012, soit un mois et demi avant la date habituelle du versement. Si en Martinique, les ouvriers agricoles doivent se battre régulièrement pour obtenir une augmentation de salaire ou des meilleures conditions de travail, les gros planteurs eux, peuvent compter chaque année sur la manne européenne.

 

 

Lisa David