Bondamanjak

Tour des yoles 2005, l’opium du peuple

 Le peuple est content. Aveuglé, transporté, béat, pendant une semaine il a tout oublié. Les embouteillages partout et à toute heure, l'incohérence et l'inconséquence des élus, leurs absurdités historiques et répétitives, les fins de mois ric-rac, l'élimination de Pognon aux Mondiaux d'Helsinki, la rentrée qui se profile et les dépenses de trousseau à venir, la nuit qui va recommencer à tomber à 17:30, les embouteillages partout et à toute heure, les allocations qui ne suffisent jamais, les factures du mobile et des abonnements à cable-tv et à satellite-tv à régler, les traites de la voiture, la violence aux abord des écoles avec le racket et la drogue qui se répandent, les embouteillages partout et à toute heure, l'arrogance de certains blancs dans le pays, les légumes assaisonnés au chlordécone, les examen de septembre, le boulot qu'il faudra bien reprendre, l'avion aussi qu'il faudra bien reprendre, les embouteillages partout et à toute heure, le PSG premier et l'OM en queue, les pitreries et gesticulations des uns et des autres le soir au JT, les pleurnicheries veules et mensongères des puissances d'argent, le jusqu'auboutisme suicidaire des syndicats, les embouteillages partout et à toute heure,? Depuis Rome, tout le monde et surtout ceux qui gouvernent, connaît la doctrine fondamentale du pouvoir : « Donnez Leur du Pain et des Jeux ». Les généraux brésiliens l'avaient bien compris qui célébraient l'endormissement de leur peuple dans de gigantesques stades (Maracaña a 200.000 places, soit sensiblement la moitié de la population de la Martinique). Les amiraux argentins de même qui dans les mêmes stades où ils avaient molesté, torturé, tué, et quelquefois enterré des milliers de leurs concitoyens, célébraient la coupe du monde de football en 1978 et contribuaient ainsi à l'engourdissement de l'opinion publique et du peuple argentin. Les dirigeants de la RDA qui avait érigé le dopage et la fabrication de champions aux hormones en système d'Etat. La gloire sportive obtenue masquait les privations, la misère, la détresse, la délation, la Stasi (police politique), la non-vie de tout un peuple devenu prisonnier dans on propre pays. La fonction cathartique du Carnaval a muté vers le tour des yoles. Chaque année, donnez leur le tour de yole et le tour est joué.

P. 38