Bondamanjak

UAG : NEG KONT NEG

BMJ a reçu le texte qui suit à propos du rapport de la Cour des Comptes sur la gestion de l’UAG. Cerise ou surette cochon ?

UAG : LE VIEUX DICTON « NEG KONT NEG »

Doctorante en sociologie à l’UAG, Eugénie T…, originaire du Québec (Canada), réagit à la récente agitation médiatique autour du rapport de la Cour des comptes concernant notre université, institution qui constitue son sujet de thèse…

***

Une analyse froide des journaux télévisés et radiodiffusés sur le rapport de la Cour des Comptes 2005-2010 laisserait songeur plus d’un.

Il est d’une part, curieux que les journalistes présentent comme un scoop un rapport qui leur a été manifestement donné par l’un des membres du Conseil d’Administration, lequel leur a sans doute aussi nommément indiqué les pages à lire et à citer. Quelle était donc l’intention de celui ou de ceux qui ont communiqué à la presse un tel document ? « Clouer au pilori l’UAG » comme le dit si joliment un des journalistes télé ? Stigmatiser les trois derniers présidents en attendant de pouvoir attaquer plus directement la présidente actuellement en poste ? Faire office de provocateur ?

Peu importe : nous n’aurons jamais de réponse précise à la question posée. Ce que l’on peut néanmoins constater, c’est qu’à l’UAG, les ennemis de l’intérieur existent et font preuve d’activisme. Comment en vouloir à la presse alors de publier sans esprit critique ce genre d’informations, quand ce sont les membres mêmes de l’UAG qui leur offrent sur un plateau la pomme de la tentation ?

En tant que doctorante en sociologie, de nationalité étrangère, résidant aux Antilles depuis quelques années, je suis toujours stupéfaite de remarquer à quel point des Antillais, et pire encore, des universitaires et des journalistes sont prêts à tout pour démolir une institution qui leur permet de gagner leur croûte et qui parfois leur ont fourni les diplômes les plus élevés qu’ils ont pu obtenir. Dans tous les pays du monde, dans toutes les universités du monde, il y a des problèmes de gestion, des professeurs absents, des étudiants qui réussissent plus ou moins bien, des rémunérations pas toujours méritées. C’est un fait et il n’y a pas que dans les universités, que des anomalies de ce type se trouvent.

Mais ce n’est pas dans tous les pays du monde ni dans toutes les universités du monde, que les gens mêmes du pays et de l’université s’acharnent à détruire leur pays et leur université, en donnant l’impression que rien ne va, que tout fonctionne mal, et comme on dit ici, que l’herbe est plus verte ailleurs.

Au lieu d’aider les jeunes à être fiers d’eux, de leur pays, de leur université, on leur apprend à se dénigrer, à critiquer tout ce qui est fait chez eux, à partir étudier ailleurs, sans se rendre compte que, ce faisant, on contribue à baisser la démographie du pays et à empêcher l’estime de soi, pourtant si importante pour la construction d’une identité stable et affirmée.

Mon voisin de palier m’a dit qu’il existe un vieux dicton, dont on a fait une chanson : « Neg kont neg’o ». Si c’est vrai, il faut en finir avec cette haine de soi, cette envie de s’auto-détruire pour aller de l’avant, et ne pas chercher même inconsciemment à tuer ce qui nous ressemble trop.

J’ai passé déjà quatre ans aux Antilles et je suis très contente des échanges que j’ai eu avec l’université, avec les étudiants, avec les enseignants. Il y en a beaucoup qui travaillent avec leur cœur pour faire grandir ce pays et ses jeunes.

Alors ce n’est pas très gentil de dire que les présidents d’université sont de mauvais gestionnaires, que les enseignants sont des voleurs, parce que si c’était vrai, on n’aurait pas eu tant d’étudiants diplômés, heureux de devenir les enseignants des enfants du pays, les cadres des collectivités, les salariés des békés.

EUGENIE T.