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Un patient infecté par le VIH déclaré guéri après une greffe de cellules souches

Trois ans après avoir reçu une greffe de cellules souches, un patient américain a été déclaré guéri du sida – une première – par les médecins allemands qui l’ont traité. Les recherches ont été détaillés mercredi dans la revue scientifique Blood1. Les chercheurs de l’université de médecine de Berlin ont cependant immédiatement prévenu que ces résultats ne pouvaient pour autant pas être généralisés à la totalité des personnes (environ 33 millions) infectées par le virus du sida dans le monde. Le patient guéri, Timothy Brown, un Américain séropositif de 40 ans vivant en Allemagne, a en effet été traité en 2007 pour une leucémie grâce à une greffe de cellules souches prélevées dans la moelle osseuse d’un donneur aux caractéristiques génétiques rares l’empêchant de contracter le sida (une mutation sur le gène d’un récepteur particulier, le CCR5). Ce type de caractéristiques génétiques ne se rencontrent que chez 1% de la population blanche et avant de trouver le bon, son médecin allemand Gero Hütter, a rejeté des dizaines de potentiels donneurs. “Les résultats montrent que ce traitement du sida a fonctionné sur ce patient”, assure la Société américaine d’hématologie qui publie Blood. Dès la fin 2008, une première étude avait montré que le sida n’était pas réapparu chez ce patient, malgré l’arrêt de son traitement par anti-rétro viraux. Trois ans plus tard, les médecins n’ont pas retrouvé trace du virus dans son corps. Ce procédé ne pourrait pas être généralisé à d’autres patients car il est trop risqué, estiment les spécialistes. Le taux de mortalité après une greffe de moelle osseuse est bien plus élevé que pour un patient infecté par le VIH suivi médicalement. Elle comporte également un risque élevé de complications et peut détériorer la qualité de vie de façon importante. “Il faut beaucoup plus de recherches pour essayer de reproduire ce résultat sans mettre des vies en danger”, a estimé Karen Tashima, directrice du programme d’essais cliniques VIH au Miriam Hospital dans le Rhode Island (nord-est des Etats-Unis). “Les anti-rétro viraux sont efficaces pour contrôler le virus, il ne serait pas déontologique de soumettre des malades à un traitement aussi extrême” a-t-elle ajouté La directrice de l’étude, Kristina Allers, reconnaît d’ailleurs que la procédure ne peut être répétée sur la plupart des patients. “Néanmoins, un traitement contre le sida est possible et cela donne de nouveaux espoirs aux scientifiques, le prochain défi sera de transposer notre découverte dans des formes de traitement moins dangereuses”. estime-t-elle. “Je suis très enthousiaste”, a déclaré David Baltimore, prix Nobel de médecine en 1975. Ce scientifique a créé une entreprise de biotechnologie développant ses propres traitements anti-Sida par cellules-souches, à l’image de la technique utilisée dans l’étude allemande. “Le fait qu’un patient ait pu être guéri avec cette technique est, je pense, un argument solide pour poursuivre dans cette voie”, a-t-il affirmé. Les médecins ont constaté que le patient semblait avoir un système immunitaire fonctionnant parfaitement et paraissant génétiquement identique aux cellules du donneur et non à celles du système immunitaire du patient. Ils ont suivi le patient en effectuant des prélèvements dans son côlon, son foie, sa moelle épinière et son cerveau. Ils y ont recherché des traces du virus qui peut être difficile à détecter tant qu’il n’infecte pas activement des cellules. Ils n’ont relevé nulle part de traces de VIH. Quelques précisions concernant ce cas : Certains médecins pensent que le virus pourrait toujours être présent dans son organisme, endormi et indétectable. Le VIH étant très mutagène, on ne peut exclure qu’il évolue alors pour trouver une autre voie d’entrée dans le système immunitaire, par exemple en utilisant d’autres récepteurs appelés CXCR4. Les médecins allemands ne comprennent pas vraiment pourquoi Timothy Brown n’a pas été affecté par une autre forme du VIH, contre laquelle les cellules souches du donneur n’auraient pas dû le protéger. Le traitement subi est expérimental, incroyablement violent et risqué: un patient sur trois ne survit pas. Après un premier rejet, il a dû subir une autre greffe. Une complication neurologique s’est manifestée, affectant des zones touchant à la mémoire et au langage. Il est toujours en rééducation. Sa personnalité a également été modifiée. Selon ses amis, il semble désinhibé et beaucoup plus direct.