Bondamanjak

Violences faites aux femmes

 

Ce week-end, en moins de 48 heures, la Martinique a connu une véritable hécatombe :
– un homme de 87 ans, souffrant de troubles psychiatriques, a tué sa femme de 85 ans dans des conditions horribles ;
– Anthony Henry, un joueur de basket du Golden Star, a tiré sur son épouse, avant de se donner la mort ;

– à Case-Pilote, l’ex concubin d’une femme de 49 ans, qui travaillait au Conseil Régional de Martinique, aurait mis le feu au domicile de son ex compagne. Résultat : les pompiers qui ont été appelés par une voisine, ont retrouvé le corps calciné de la femme et ses deux filles de 10 et 18 ans sont grièvement brulées (à plus de 60%).

Le phénomène de violences conjugales, loin de reculer, s’accroît, malgré toutes les actions mises en œuvre.

Selon l’Enquête Nationale des Violences faites aux Femmes, enquête ENVEFF menée sur des femmes de 20 à 59 ans, victimes au cours de l’année 1999, 1 femme sur dix se déclare avoir été victime de violences conjugales pendant son existence.

Une étude, menée par la délégation aux victimes du ministère de l’intérieur et rendue public le 25 novembre 2006 par le ministère de la parité, dénombre, pour les neuf premier mois de 2006, que 113 homicides ont été commis au sein du couple, dont 83% des victimes étaient des femmes. Dans près de la moitié des cas, les couples étaient séparés ou en instance de séparation. De plus, les homicides conjugaux provoquent des décès « connexes » puisque 10 enfants ont trouvés la mort en même temps que l’un de leur parent. Pour les 18 cas de femmes auteurs d’homicides sur leur compagnon, il est enfin à souligner que 12 d’entre elles étaient victimes de violences conjugales.

Très souvent les femmes n’osent pas dénoncer la violence dont elles sont victimes, par honte et aussi par crainte de représailles sur elles-mêmes et sur les enfants du couple s’il y en a : elles se sentent coupables et responsables de l’échec du couple et de la situation de violence. Elles ont aussi peur de se retrouver sans ressources, si elles ne sont pas indépendantes financièrement.

Il faut certes accompagner les victimes de violences conjugales et l’Union des Femmes de la Martinique (UFM) ainsi que d’autres structures font un extraordinaire travail à ce niveau.

Il existe en effet plusieurs structures en Martinique pour aider et accompagner les femmes victimes de violences conjugales  :
– UFM (Union des femmes de la Martinique) 05.96.71.26.26
– Forces Actives 05.96.63.23.36
– Rosannie Soleil 05.96.71.18.88
– Dispositif d’urgence et d’accompagnement 05.96.63.31.84

Mais il faut aussi soigner les hommes violents.

Michela MARZANO, philosophe, chercheuse au CNRS, explique que :

 » Les hommes violents sont souvent des individus qui n’arrivent pas à s’inscrire dans le monde et dans la société de façon satisfaisante : à la base de leur violence il y a une crise existentielle profonde qui les pousse à considérer les autres, et notamment les femmes, comme « rien », peut-être aussi parce qu’eux mêmes n’arrivent pas à donner beaucoup de valeur à leur vie, et n’arrivent pas non plus à obtenir une considération adéquate de la part des autres (et notamment des femmes). La violence, de ce point de vue, apparaît comme le seul recours possible, comme le seul moyen pour s’imposer, en montrant ainsi à la société qu’il y a au moins les victimes de leur violence qui ont dû se plier à leur volonté et leur puissance. « 

Qu’il s’agisse de pervers ou de psychotiques, de tyrans réguliers ou exceptionnels, les hommes violents, dans leur immense majorité, sont « dans une dépendance extrême vis-à-vis de leur compagne », remarque le psychologue Alain LEGRAND, qui dirige à Paris l’association SOS-Violences familiales. « Cette dépendance ne relève pas du besoin ou du désir – et bien des femmes se trompent en prenant la jalousie pour une preuve d’amour. Pour l’homme violent, poursuit le psychologue, la moindre critique – a fortiori, la moindre insulte – est insupportable, car il a aussitôt l’impression que tout ce qu’il fait est mal. Il prend la partie pour le tout. C’est ce qu’on appelle la faille narcissique. La conjonction de tensions  « normales » et le surgissement d’images enfouies produit, chez lui, une situation irréaliste. Il se dit  : c’est elle ou c’est moi. Sa compagne devient alors un objet dangereux, qui met en péril son intégrité. »

Une cellule d’écoute des hommes violents a été mise en place depuis quatre ans.

La difficulté c’est que « Sauf au moment de la crise, quand leur compagne décide de les quitter et qu’ils voient leur système s’effondrer, les hommes violents sont dans le déni et le clivage », explique une responsable d’un centre d’accueil en France, Anne BONNAUDET.

Aujourd’hui, des marches contre la violence faite aux femmes sont organisées par l’UFM et les agents du Conseil Régional de Martinique.

Cependant tout repose sur la prévention de la violence.

Pour en savoir plus :

http://www.lexpress.fr/informations/le-fleau-de-la-violence-conjugale_725437.html
http://www.presse.justice.gouv.fr/index.php?rubrique=10239&article=13771
http://pascalcourty.fr/violence/soigner%20l%27homme%20violent.pdf
http://www.ac-versailles.fr/PEDAGOGI/SES/themes/violences-sexuelles/hommes_violents.html
http://www.uniondesfemmesmartinique.com/
http://www.ac-martinique.fr/elevpar/violencefemme.shtml
http://www.sosfemmes.com/violences/violences_menu.htm