Bondamanjak

Yo téka kriyé’y Khokho…Khokho René-Corail

 

A l’occasion du dixième anniversaire de la disparition de Khokho René-Corail, Alfred Marie-Jeanne, Président du Conseil régional de Martinique, a souhaité rendre hommage à l’artiste qui reste l’une des plus grandes figures de l’art en Martinique.

Ce plasticien n’a eu de cesse d’en exprimer les paysages, les gens, les moeurs, les tragédies. Ses créations, aux orientations plastiques multiples, ont été une arme au service de l’affirmation identitaire qu’il souhaitait pour son peuple. Parce qu’il considérait que la culture de son pays subissait l’écrasement de la puissance coloniale, il est allé chercher dans les tréfonds de ce pays, des repères, des signes, des valeurs propres à ce dernier (mais aussi des hardiesses nouvelles) pour les exhiber et les glorifier à travers ses oeuvres.

Cet ouvrage, qui lui est consacré, illustré de nombre de ses oeuvres et de ses créations monumentales, se veut un témoignage, une histoire de l’insoumission artistique et politique de Corail.

Il propose de suivre le parcours aussi passionnant qu’impressionnant de cet artiste hors du commun qui a bousculé l’art en Martinique. La première séquence est consacrée à l’homme et s’organise en plusieurs scènes.

Le rideau se lève sur la vie de Corail, son enfance à Beaufond, aux Trois-Îlets, si chère à ses yeux. Une enfance déterminante pour sa vie d’adulte et d’anticolonialiste. Jean Marie-Louise narre cette période dans le texte «Joseph René-Corail : artiste et militant».

Puis l’itinéraire du créateur, dans la Martinique des années soixante-dix à quatre-vingt-dix, est retracé par Renée-Paule Yung-Hing dans : «L’homme aux fresques exaltées».

Dans la scène suivante, «Saison d’avocats», Gerry L’Étang évoque une rencontre fortuite avec l’artiste, autour d’un féroce. L’élaboration de ce plat par Corail est ici la quête d’une certaine essence de la culture martiniquaise.

«Naissance d’une galerie, souvenirs de voyages» est relaté par Catherine Césaire, qui dirigea la galerie Khokho René-Corail et eut souvent l’occasion d’assister le plasticien dans ses déplacements.

Dans la deuxième séquence : une césure. Corail livre à son ami Laurent Farrugia la plus intime des confessions. À chaque lever de rideau des Mawakif, un exposé de sa vie, où s’entremêlent espérance et joie, angoisses et peurs, déceptions et attentes, entre mythe et réalité. Extraordinaire exploration d’un homme en halte.

La troisième séquence s’intéresse à l’oeuvre proprement dite. Dominique Berthet, dans «L’esthétique dans l’oeuvre de René-Corail», analyse la relation du plasticien au lieu, son ancrage au pays et la hiérarchie des choix qui en adécoulé.

Suivent les regards croisés d’André Lucrèce avec «Les mythologies animales», et de Philippe Montjoly à travers «Les grandes bêtes taciturnes». Ces auteurs s’attachent à une présentation du bestiaire, thème majeur de l’oeuvre de l’artiste.

Avec «Nom de baptême, Sainte-Croix», Victor Permal, ami de Corail, témoigne des errements
et des doutes que ce dernier développait dans ses relations avec le sacré et le politique. Enfin, Jean Benoist nous promène sur l’océan dans «Bleu de mer et d’outre-ciel». Du
bord de mer paisible aux flots déchaînés, la mer de Corail se récite, se décline, du visible
à l’invisible, du senti au ressenti. Poème de la relation autobiographique qu’entretenait
l’artiste avec un élément naturel qui lui était cher.

Un ouvrage incontournable qui plaira tant aux martiniquais qu’aux passionnés d’art