Bondamanjak

22 mai…

Par Béatrice Bellay

En ce 22 mai, nous nous souvenons de tous ceux qui ont participé, à tous niveaux,  à la libération. 


En ce 22 mai nous nous souvenons de ceux qui ont brisés leurs chaînes en 1848! 


Il faut le dire et le répéter !!! 


L’abolition de l’esclavage fut le résultat de l’action insurrectionnelle, rebelle, libératrice PERMANENTE des mis en esclavage ! 


Elle fut celle législateur aussi. Car il  fallut un travail intellectuel, de conscientisation pour installer dans les têtes d’une France esclavagiste,  la liberté, l’humanité si longtemps déniées aux femmes et hommes noirs arrachés de leur terre africaine! 


Ce fut l’important travail du député martiniquais Cyril Bissette. Il fallut aussi, c’est le plus connu, un travail « institutionnel », conduit notamment par Victor Schoelcher pour l’installer dans la loi. 


Cette histoire nous a construit et il ne s’agit pas seulement de s’en souvenir et de la transmettre, mais également de s’en nourrir pour construire à notre tour 


Quand on est descendant de mise en esclavage, on est révolté, même si en apparence, on paraît résigné. Oui,  nous sommes révoltés ! 


Cette longue histoire qui a façonné nos mémoires, malgré des transmissions imparfaites – on ne parle pas forcément dans les familles, de toutes ces souffrances- doit être connue. La connaissance de l’histoire qui a suivi celle du temps de l’Amiral Robert ou du Bumidom et l’engagement militants sont toujours une manière de prolonger une lutte qui n’est jamais terminée. La lutte contre l’injustice ! 


Si la République qui a aboli l’esclavage définitivement, le colonialisme a pris la suite de l’esclavagisme et même après la départementalisation, il y a 75 ans, il fallu et il faut encore continuer le combat pour l’égalité et contre les esprits chagrins. 


C’est tout le travail de militants, associatifs, politiques, d’intellectuels ou de journalistes qui durent, parfois, au prix de leur vie! Il faut secouer ce joug culturel, économique, politique et social qui maintient des chaînes nouvelles.


Avant nous il y aura eu:  Joseph Lagrosillière, André Aliker, Aimé Césaire et Edouard Glissant, les sœurs Nardal, les militants de l’OJAM, les grévistes de Chalvet sans oublier les milliers d’hommes et de femmes qui ont, chaque fois que c’était nécessaire, pris la parole, saisi une banderole pour faire reculer l’injustice.


Si déboulonner une statue c’est abattre une idole, il faut aussi savoir ce que l’on veut construire et avec qui. 


C’est dans cette héritage de luttes que Nou ka fè yonn s’inscrit .


Il est temps de bousculer les conservatismes, de bousculer des positions acquises depuis trop longtemps qui ont cessé d’irriguer d’idées nouvelles et de projets utiles la vie de nos proches, de nos voisins, de concitoyens. 


En cette journée de commémoration de l’abolition, également journée mondiale de la biodiversité, en Martinique comme ailleurs, en Île de France par exemple , la préservation de la nature est une question de survie. Avant nous vivions des produits de nos jardins. Depuis, la pollution aux pesticides ici comme là-bas menace clairement notre santé.


Si le temps de l’esclavage est loin, le temps du respect de nature, de l’environnement, le temps du respect de nos vies, de notre santé, le temps de l’emploi digne pour tous et du salaire décent pour chacun le temps de l’égalité salariale entre hommes et femmes – ce temps, LUI , n’est pas encore là !!! Le chômage de masse demeure une aliénation d’autant plus choquante que les grandes fortunes ne connaissent pas la crise ! 


D’autres chaînes sont à briser depuis 1848. La liberté n’est jamais acquise pour toujours. L’égalité non plus et la fraternité se construit chaque jour.




Béatrice BELLAY 
1ère Secrétaire
Fédération Socialiste de Martinique 
Tête de liste NOU KA FÈ YONN