Bondamanjak

Justice sous les cocotiers

En réponse à la démission du Procureur de la République de Guadeloupe : la première visite d’Acquitator dans les îles, sous le vent.

Pourquoi le premier déplacement d’Acquitator doit-il être pour la Martinique et/ou la Guadeloupe ? 

Chaque fois que le ténor, Dupond-Moretti, est venu plaider en Martinique ou en Guadeloupe, il en est reparti affligé et consterné ! 

Rarement, un avocat de cette dimension aura eu à affronter de telles épreuves, n’en revenant pas de la réalité de ce qu’il voyait, de ce qu’il vivait. 

Et Dieu seul sait s’il en a déjà vu ! Et pourtant, à chaque suspension d’audience, fumant cigarette sur cigarette sur le parvis, grommelant pour lui-même mais aussi à qui voulait l’entendre, exultant de colère, il répétait en boucle : « Comment est-ce possible ? ». Le philosophe italien Victorio Monluigi Bonnairi fut un jour témoin de son trouble. Quel veinard aux beaux yeux. Antoine Crozat lui, aurait aimé voir ses airs dans l’antre foyalais. Pas évident pour lui. Pourtant.

Il interpellait les avocats qui venaient le saluer respectueusement : « Comment faites-vous ? » « Pourquoi vous admettez de tels comportement de la part des magistrats ? » Bonne question Monsieur le Garde des Sceaux ! 

Quand vous viendrez pour votre premier déplacement hors de France pour apprécier la qualité de la justice rendue sous les cocotiers, Bondamanjak se propose de vous aider à formuler quelques questions aux chefs de Cour que vous rencontrerez sur place. 

Première question, est-il vrai que tous les magistrats du siège et du parquet habitent au même endroit ? Aux Trois-Îlets, à l’Anse Mitan. Qu’ils vivent entre eux, ne se mélangent pas à la population. Dînent entre eux, vont à la mer entre eux, batifolent entre eux, prennent tous le même bateau pour traverser la magnifique baie de fort de France le matin à 7h15 en jean et en tongs et petite chemise Hawaï pour les plus élégants.

Partageant à haute voix leur mépris des malheureux justiciables qui passent entre leurs mains, se moquant ouvertement de leur façon d’être, de parler, et riant à gorge déployée de leurs exploits soit sur leur planches à voiles, soit de leur fiesta de la veille, comparant les vertus du rhum blanc, Clément bien-sûr !

Deuxième question, est-il vrai que chaque week-end les chefs de cour, Procureurs et Présidents sont l’objet d’une cour effréné et d’une invitation sur les îlets perpétrant ainsi une vieille tradition d’avant 1847 où la dégustation des meilleurs millésimes accompagnés de langoustes fraiches, bercés par le doux vent des alizées, embaumés par les délicieuses effluves d’un rare cohiba, une petite balade digestive au large des fonds blancs dans un quant à soi aussi luxuriant que luxueux, repartant ivres de contentement d’être traités, enfin, à leur juste mesure, les mains pleines de bouteilles hors d’âge en souvenir d’une si merveilleuse journée…

Troisième question, est-il vrai que c’est dans ces conditions qu’a été jugé l’affaire du Crédit Martiniquais se soldant par une spectaculaire relaxe générale et une formidable journée en bateau au large des trois ilets si chers à Joséphine, notre bien aimée Impératrice. Coucoupé ! Bigre ! Damned ! Est-il vrai que sur le bateau de l’un des principaux prévenus dit Bretel se trouvait la Présidente de la juridiction correctionnelle 

Est-il vrai que le sort de certaines affaires, dont notamment celle du malheureux ancien Ministre du tourisme de Jacques Chirac, Léon Bertrand, a été débattu et délibéré dans les mêmes conditions, entre deux rasades, une petite baignade et un délicieux acra de morue pimenté comme le premier article du Code Noir ?

 

Est-il vrai que tous les mardis soir, le Procureur général, ce haut magistrat, digne des loges, fait un compte rendu à ses frères et sollicite leurs conseils, voir leur approbation. Trois points c’est tout.

Est-il vrai que le Président du Tribunal, en toute connaissance de cause, a loué une habitation à Fort-de-France, dans des conditions que la morale et le droit réprouvent entre les mains d’une élue, chère à son cœur.

Surtout, Monsieur le Garde des Sceaux, n’envoyez pas un inspecteur, faire un énième audit. Venez vous-même, inspectez vous-même, interrogez vous-même, jugez vous-même 

Et puisque vous avez affirmé que votre Ministère sera celui de l’antiracisme allez donc à la prison de Ducos ou à celle de Basse-Terre.

Faites attention où vous mettrez les pieds entre vomissures et excréments de rats décomposés et souffrez, avec les damnés de la terre Martiniquaise, d’être l’instant d’un instant, le compagnon d’infortune de ces exclus de la République des juges. `

Ps : Si vous avez un moment à vous, montez donc prendre un petit noir à la cafétéria du deuxième étage du TGI de Fort de France Pour y entrer, il faut montrer pattes blanches et demandez-leurs pourquoi cette buvette est surnommée non pas Bagdad café mais Prétoria café…  

gilles dégras