Bondamanjak

Le Pen / Martinique, des lendemains difficiles

Le réveil a été laborieux pour beaucoup ce lundi matin. Certains en éteignant le réveil ont prié pour que les résultats infamants de la veille, qui les avaient fracassés, ne soient qu’un cauchemar. Mais ce n’en n’était pas un. Réellement, aux élections du président de la République Française une foultitude de tropicaux a voté pour le Front National, enfin son avatar, appelé Rassemblement National dirigé par la fille de celui que les martiniquais avaient interdit de séjour sur leur sol un jour de décembre 1987.

Depuis, pratiquement toute la Martinique y est allée de ses analyses et avis, de ses sentences, de ses convictions, de ses jugements définitifs. Pas seulement ceux qui croient savoir parce qu’ils ont des diplômes, non, tout le monde.

« Ménon, elle n’est pas raciste, c’est son entourage »

Les arguments aussi ont fleuri, de «je ne savais pas » jusqu’à « Ménon, elle n’est pas raciste, c’est son entourage ». Doit-on croire qu’un nombre aussi important d’électeurs dans l’Outremer aurait ignoré qu’en votant pour le Rassemblement National français, ils votaient pour mettre président une raciste, fasciste, xénophobe ? Pour élire la président d’un parti qui a voté contre la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité au Parlement européen.

La triste réalité, quel qu’en soit les causes, quel que soit les pansements qu’on pourra inventer pour atténuer la douleur, masquer l’infamie, se cacher de l’opprobre, la vérité est qu’une population de descendants d’esclaves a voté pour un parti d’extrême-droite raciste.

Et on ne peut pas nier que le mal est profond. Très profond. Personne, malgré la floraison de grands spécialistes lòloy qui ont sévi depuis dimanche, personne ne sait aujourd’hui par quel bout prendre ce drame. Comment recoller les morceaux au sein de la population fracturée, morcelée, éparpillée et pourtant qui doit faire peuple.

« Un électeur du Front National est soit un ignorant, soit un crétin, soit un saligaud »

Derrière le fameux « Un électeur du Front National est soit un ignorant, soit un crétin, soit un saligaud » se cache d’autres situations et ce n’est pas le projet de Congrès des Elus que tente de faire passer le président de la Collectivité Territoriale, profitant de l’effervescence, qui apportera des solutions. Pa an patat !

La technique du Congrès est sournoise, BMJ l’a déjà écrit, car avec la majorité absolue que possède son courant politique avec conseillers à la CTM, maires, députés, sénateurs, amis, alliés, voisins, ce Congrès ne sera qu’une chambre d’enregistrement des décisions prises avant sa tenue, dans le secret et entre eux, par ceux qui veulent ce Congrès. L’Opposition pourra s’égosiller comme elle veut, elle ne pourra que regarder les choses se faire. Et, elle ne pourra pas dire qu’elle ne savait pas.

Les débats sur le déboulonnage des statues, la crise sanitaire avec cette fracture entre pro et anti, puis ce vote hallucinant montre une société martiniquaise au bord de l’implosion. Aujourd’hui, la situation est trop grave, la division au sein de la population est trop importante pour laisser aux seuls politiciens et à leur affidés le soin de trouver des solutions.

Pour mémoire, juste pour illustrer, en juin 2020, au Parlement européen, le RN…. Voir photo