Bondamanjak

Le « Président of Martinique » en voyage à l’étranger

Une tribune de Marinette Torpille (relayée abondamment sur les réseaux sociaux) qui nous conduit à nous interroger. Vraiment, l’actuel président régional est-il un usurpateur ou laisse-t-il simplement et sournoisement faire quand, à l’étranger, on lui donne le titre de Président de Martinique ?

Dans un communiqué du Conseil régional, on apprend que Serge Letchimy est invité par la Chambre de Commerce d’Harlem pour diverses rencontres qui viendront enrichir sa réflexion sur la mise en place de « Invest Martinique » .

Cette invitation vient certainement en réponse à la venue en mai dernier en Martinique d’une délégation de la Greater Harlem Chamber of Commerce. C’est dans le cadre des Harlem Week 2015 Events, qu’un déjeuner est prévu comme suit :

12 Noon – 2 PM – Basil A. Paterson Business Awards Luncheon

– Paula Madison, Africa Channel and Former Diversity VP at NBC

– Michelle Roberts, Executive Director, National Basketball Players Association

– Wendy Lewis, Senior Vice President, Major League Baseball

– SPEAKERS : Former Gov. David Paterson ; Hon. Carl McCall and Hon. Serge Letchimy, President of Martinique

Oui vous avez bien lu! Serge #Letchimy est « Président of Martinique » ! Se laisse-t-il identifier comme tel dans la logique de sa 3e voie ?

Après 5 ans aux manettes, la Région en est toujours à dessiner les contours d’une agence dédiée à la politique d’attractivité de la Martinique. Pire, elle en est toujours à entamer des discussions avec des investisseurs internationaux.

UNE POLITIQUE D’ATTRACTIVITÉ ENCORE À DÉFINIR

Le fait d’avoir détruit l’esprit de l’Agence Régionale de Développement, présente dans toutes les autres régions, n’a pas dû aider la gouvernance actuelle. Comment identifier sans cet outil les leviers d’une vraie politique de développement économique, et notamment d’attractivité du territoire ?

De même, le « Président of Martinique » ignore le puissant aspirateur d’investissements internationaux que représente l’Agence Française des Investissements Internationaux (AFII devenue « Business France » ), présente aux quatre coins de la planète. Pense-ton être capable tout seul, d’attirer des investissements internationaux, lorsque l’on a bien du mal à retenir les rares investisseurs locaux qui préfèrent d’autres cieux ?

Au final, que se cache-t-il derrière cet appel à l’investissement international pour des « projets de développement de la Martinique » ? Pour l’instant rien, du vent. Certes, plusieurs actions ont été entamées.

Il y a eu par l’exemple l’envoi d’une délégation à l’Annual Investment Meeting de Dubaï en 2011. Il y a eu aussi une « 1ère Conférence des investisseurs » les 25 et 26 novembre 2013 présentant à des investisseurs internationaux comme « principaux projets d’investissements » le contenu fourre-tout d’un « Plan de relance 2 » et affichant sans rire une « ambition de devenir, dans les années qui viennent, le rendez-vous incontournable de l’ensemble des investisseurs de la planète qui s’intéressent aux économies insulaires du Bassin Caribéen et en particulier à celles des Antilles Guyane » . Nos voisins insulaires et guyanais ont dû apprécier…

En dehors du vent qui souffle encore, que reste-t-il de cette conférence ? Un site non actualisé!

Hormis les frais dépensés dans ces initiatives où peut-on en consulter les retombées ? Toujours de l’argent et des postes en jeu.

L’agence dénommée « Invest Martinique », créée en 2014 sous forme de Société Publique Locale a pour objet « la promotion économique au travers d’analyses économiques constantes et d’outils adaptés aux besoins présents afin de favoriser les investissements directs étrangers de tous types en Martinique… » .

DU VENT ET ENCORE DU VENT

L’intention est louable, mais le doute peut s’installer en découvrant la composition du capital et l’administration de l’agence :

– 632 643 euros correspondant à 632 643 actions d’1 euro réparties entre la Région 70%, CACEM 10%, CAP NORD 10%, CAESM 10%.

– 18 administrateurs au maximum rémunérés, plus un directeur général et 5 directeurs adjoints. Tout ça en lieu et place de 2 chargés de missions expérimentés et d’une assistante compétente qui auraient fait l’affaire dans le cadre d’une Agence Régionale de Développement intelligemment organisée.

Il n’y a pas à dire, le « Président of Martinique » voit grand!

Sachant que sur la scène internationale, l’investissement productif recherche les meilleures perspectives de développement sur un marché local ou à la réexportation, qu’est-ce qui a été identifié à la Martinique comme ayant besoin d’investissements directs extérieurs ?

En l’absence d’orientation de politique économique claire, que propose-t-on à ces investisseurs si ce n’est un soutien à l’investissement public déjà aidés par les fonds européens ? Par ailleurs, comment attirer des investisseurs extérieurs quand les investisseurs locaux fuient ?

Finalement, voilà une nouvelle structure budgétivore, qui multiplie les emplois et des missions à l’étranger pour le « Président of Martinique » et ses amis. Sauf que, sans politique d’attractivité élaborée, tout cela ressemble à de l’esbroufe organisée, avec une communication outrancière alors que les principaux indicateurs économiques et sociaux sont au rouge.

Marinette Torpille Candidate à la Collectivité Territoriale de Martinique