Bondamanjak

LETTRE OUVERTE…BRIN DE CAUSETTE…SANS TUBA A FABRICE RIGOULET-ROZE, #PREFET DE #MARTINIQUE

Monsieur le Préfet,

Je me joins aux martiniquais pour condamner fermement votre scandaleuse décision d’océaniser, le mercredi 5 novembre 2014, à 30 km de Saint-Pierre, dans les eaux territoriales de #Martinique, le bateau poubelle «#Zanoobia » rebaptisé «#Cosette».

C’est en effet en catimini, après avoir fait miroiter aux martiniquais que ce bateau serait remorqué vers l’hexagone pour son démantèlement, que vous avez évoqué un danger imminent pour justifier son océanisation dans le périmètre du projet de Parc Naturel marin dans la mer des Caraïbes.

Nous dénonçons donc une opération, menée, au mépris des inquiétudes des associations écologistes et du questionnement légitime des Martiniquais quant à la dépollution de ce navire avant son immersion.

Cela n’échappe plus à personne que ce Rouleur de 2100 tonnes, construit en 1966 et enregistré à La Paz en Bolivie sous le numéro de l’organisation internationale maritime IMO: 6617025, était réputé pour le transport de produits de contrebande et de déchets toxiques des pays développés vers les pays sous-développés ou en voie de développement. Ce bâtiment, aurait même été soupçonné d’être impliqué dans le trafic d’armes et de stupéfiants.

C’est dire l’irrégularité de ses activités, qui nous amène à nous poser nombre de questions sur le type de polluants qui auraient pu y être chargés au long de sa vie!

En dépit du fait qu’entre 1999 et 2009, ce navire ait été détenu 11 fois dans des ports américains pour non-conformité aux garanties de sécurité, il est arrivé en toute quiétude en 2010 au port de de Fort-de-France sous prétexte d’embarquer “une cargaison à caractère humanitaire” en direction du port de Saint-Marc en Haïti.
L’ex-Zanoobia a finalement été immobilisé à Fort-de-France, à la fois au motif de problèmes de de sécurité et pour des raisons financières, en attendant, disait-on, de trouver un repreneur, tandis qu’en réalité c’est une solution de destruction qui était recherchée.

Comment, d’ailleurs, pouvait-on faire croire que ce bateau aurait pu trouver un acheteur quand on sait qu’en 2012, le propriétaire du bateau a été condamné par les tribunaux de l’Etat de Floride pour avoir falsifié en 2009 le certificat à naviguer pour deux navires dont le #Cosette, et avoir ainsi été en infraction avec la convention SOLAS (convention internationale sur la sauvegarde de la vie en humaine en mer)?

S’il est vrai que vous n’avez pris vos fonctions qu’au mois d’août dernier, votre prédécesseur était au fait de la problématique et hésitait, selon l’association Robin des bois, entre torpillage et immersion ou démolition. La première option étant d’un usage courant dans les outre-mers français, la dernière aurait été une innovation…

Vous vous êtes appuyé sur l’application de l’article L218-45 du code de l’environnement et les engagements internationaux de la #France, pour justifier l’océanisation devant le danger grave et imminent que représentait le naufrage du Cosette. Or, c’est précisément à cause des nombreuses problématiques liées à ce bateau qu’a pris forme et est entrée en vigueur le 5 mai 1992, la convention de Bâle relative au contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et à leur élimination.

Vous n’ignoriez donc pas, que la France hexagonale n’aurait pas pu accueillir ce bateau pour un quelconque démantèlement et que votre seul recours restait l’océanisation!

Il aura fallu 4 ans d’abandon de ce dangereux navire dans la baie de Fort-de-France, avant que les Martiniquais ne soient informés de cette affaire et de l’importance des risques encourus.

N’y a t’il donc pas lieu de soupçonner de la complicité entre certains politiques et vos prédécesseurs, ainsi qu’ une volonté manifeste d’écarter toute velléité de contestation?

Si vous estimez que la #Martinique est destinée à demeurer la déchetterie de la France et de l’Europe, nous Martiniquais n’acceptons plus que l’avenir de nos enfants soit hypothéqué!

Nous martiniquais restons extrêmement vigilants quant à la responsabilité de l’Etat français et sommes prêts à engager toutes actions possibles s’il advenait que la biodiversité, la ressource halieutique ou la vie humaine des Martiniquais aient été mis, encore une fois, sciemment en péril.

Cordialement,

gilles dégras