Bondamanjak

Qui a fait vieillir la #Martinique ?

Le Docteur Charles SAINT-AIME, pédiatre à la retraite, ancien chef du service de Pédiatrie 1 à la Maternité de Redoute, a écrit, dans un style très caustique, un article sur le vieillissement de la population martiniquaise. Pour lui, c’est un vieillissement voulu, programmé, une sorte d’inversion démographique par l’âge.
Il a utilisé sciemment dans son texte, le terme « métropole » pour mettre en exergue le lien colonial qui subsiste entre la Martinique et la France.
Aux raisons du vieillissement qu’il donne, le Docteur Charles SAINT-AIME ajoute une quatrième qui est malheureusement d’actualité en ce moment : les meurtres et accidents de circulation qui déciment la jeunesse martiniquaise.

La mise en garde au sujet d’un bouleversement démographique que va subir la #Martinique (en 2040, il est prévu que notre île aura 40% de sa population âgée de plus de 60 ans), nous interpelle et amène à rechercher les causes de ce vieillissement d’un peuple, qui dans les années 1960 avait 40% de moins de 14 ans !!!

Quelles sont les origines historiques et sociologiques de cette évolution qui ne fut pas spontanée ?

1) D’abord le pouvoir (colonial) créa une institution nommée B.U.M.I.D.O.M., qui de 1960 à 1970, prit en charge les jeunes Martiniquais sans activité professionnelle pour leur faire accomplir le deuxième voyage de masse transatlantique dans le sens inverse de la traite qui nous amena dans les Caraïbes. Ces jeunes Martiniquais furent sélectionnés par un examen médical pour qu’ils puissent bien servir la métropole. Ce fut démographiquement une saignée à « blanc » puisque ces jeunes en âge de procréer furent par milliers déportés vers l’Europe.

L’insertion et l’accueil ne furent pas des meilleurs, et pourtant, ils n’étaient pas des Roms !

2) Indiquons une deuxième cause actuelle et lancinante qui consiste dans le chômage de 61,5% des jeunes entre 16 et 25 ans qui après l’échec scolaire, le décrochage scolaire se trouvent livrés à la rue, à l’addiction (alcool, cannabis, etc.) et à la transplantation vers l’Europe ; à tel point que les nouveaux nés Martiniquais naissent en grande partie dans la métropole. Le génocide par substitution comme dirait Aimé Césaire, est en marche (funèbre) !

3) Une troisième cause non négligeable est l’absence d’accueil des jeunes partis vers la métropole et qui hautement diplômés ne sont pas, lorsqu’ils reviennent, insérés dans le tissu socio-économique.

Une grande partie de notre élite est contrainte par le système à vivre et travailler à l’étranger (BRAIN DRAIN ! ?).

Permettons aux fonctionnaires d’origine martiniquaise qui le souhaitent, de revenir au pays par une mutation préférentielle prévue dans « l’Affirmative Action » même aux Etats-Unis d’Amérique.

Actuellement ils sont en train de retourner en Martinique à l’âge de la retraite accentuant leur problème d’adaptation et de vieillissement organisé.

4) Il y a également une quatrième cause : ce funeste tribut que paye la jeunesse martiniquaise aux accidents de la voie publique et aux meurtres qui se multiplient comme une épidémie (selon l’expression d’un journal parisien).

En définitive : développons socio-économiquement et culturellement le pays Martinique pour retenir notre jeunesse, nos fonctionnaires et nos élites pour ne pas inciter certains, souvent dans leur propre intérêt, à couvrir le pays martiniquais de maisons de retraite, d’EHPAD, de Grand-Rivière à Petite-Anse (Anses d’Arlet).

Il y a mieux à montrer aux touristes.

Luttons contre un avenir morbide préparé par certains avec préméditation et peut-être délectation. Sait-on jamais ?

Charles SAINT-AIME