Bondamanjak

Vivre ensemble en Martinique…de…kolé séré à kolè sérié…

On dit souvent que la musique adoucit les moeurs. Au coeur de la facticité sociale martiniquaise, cet adage a de plus en plus de mal à donner le la sur le territoire qui a vu naître Aimé Césaire. La Martinique en pleine pandémie, vit une énième djidijt. Une bucolique colique. Un dérangeant trouble intérieur qui profite d’un incontournable amalgame offert par une crise qui laissera de profondes et irrémédiables séquelles. «La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires.» C’est Georges Clémenceau qui le dit. 

En 1987,  Philippe  Lavil, un descendant d’esclavagistes de Martinique enregistre la version française de kolé Séré, un tube de Kassav en duo avec Jocelyne Béroard une descendante de personnes mises en esclavage.

34 ans plus tard, l’errance identitaire, la mal donne du non-développement et surtout la durable arnaque sociétale ne peuvent trouver de solutions dans des mélodies qui frisent la parodie. 

Le Projet Vivre Ensemble ne trouvera pas la clé de sol qui ouvrera la porte d’un dialogue constructif indispensable, capable de briser les lourdes chaînes communes d’un passé hors du commun. 

La sortie de la chanson Le Temps du vivre-ensemble n’a pas eu le succès voulu. Pire c’est un échec cuisant. Trop cuisant. Alors on ne va pas, en mode les animaux malades de la peste… rentrer dans une frénétique recherche des coupables palpables. «La complexité martiniquaise ! C’est une chose trop grave pour la confier…qu’à des musiciens.»

Guillaume de Reynal et Eric Virgal on raté leur ente.  Ils sont juste coupables d’avoir essayé de panser cette société blessée. Sans avoir cautérisé la plaie vive et béante.

C’est dommage. Il fallait sûrement plus de temps. Ne pas aller plus vite que la musique. S’enrichir d’un tatillon comité d’écriture et de lecture, pour que les mots n’aient pas de maux, pour que les phrases soient en phase. Un sincère comité d’écoute. Alors aujourd’hui, les Râ qui quittent le navire radeau entre ré et raie ne sont que les fruits de nos propres errances de notre légèreté légendaire.

Une seule chose est sûre, le brief de départ était mauvais. Voire très mauvais. Les martiniquais devront donc, se regarder en face, revenir à l’ouvrage pour tenter d’endiguer une énième fois le vil développement durable de cette facticité qui désormais a pris le pouvoir sur ce territoire qui a vu naître Aimé Césaire.

Le courbaril ne doit pas fournir du bois à un ambitieux court baril de poudre…car un jour, l’occasion l’herbe tendre seront de mèche. Non.