Bondamanjak

La démocratie, toute la démocratie, rien que la démocratie !

Voilà la réaction du Président de ĺ’Espace Sud en #Martinique, suite au pitoyable 1/4 d’heure de glaire du Sénateur Maurice #Antiste.

par Eugène LARCHER

L’élection du bureau de l’Espace Sud a donné lieu à un certain nombre de déclarations, notamment du Sénateur-Maire du François, qui me conduisent à effectuer la mise au point suivante.

Mr. Antiste (élu communautaire qui n’a pas daigné venir siéger lors de la séance d’installation du 10 avril dernier) invoque un « déni de démocratie », au seul motif que certaines communes seraient représentées au bureau de l’Espace Sud par des élus issus des oppositions municipales.

Ce propos, consternant, qui ne tient pas la route, émane d’un élu qui, pour tout argumentaire, nous propose depuis quelques jours un mélange désolant d’approximations et d’invectives. Il ne craint même pas de donner l’image d’un parlementaire surpris et déconcerté par les implications d’un texte législatif qu’il est pourtant censé avoir examiné : la loi relative à l’élection des conseillers départementaux, des conseillers municipaux et des conseillers communautaires du 17 mai 2013, faisant suite à celle portant réforme des collectivités territoriales, de décembre 2010.

Pour ma part, je veux juste rappeler ici quelques vérités élémentaires et certains faits incontestables.

1 – Au sein des conseils communautaires, tous les élus disposent de la même légitimité. Ce sont des élus du peuple. Ils procèdent tous du suffrage universel direct, depuis la loi de mai 2013. Ils disposent d’un droit égal à siéger au sein des instances de gouvernance. Il n’est écrit nulle part que les élus issus des oppositions municipales n’auraient qu’un statut de membres observateurs au sein des assemblées communautaires.

2 – Les membres du bureau ne sont pas désignés selon le bon vouloir du président ou de qui que ce soit. Ils sont élus par le conseil communautaire souverain, selon des modalités (scrutin secret uninominal) strictement encadrées par les textes. C’est évidemment selon ces modalités que les membres du bureau de l’Espace Sud ont été élus le 10 avril dernier.

Chaque conseiller communautaire était libre de présenter sa candidature pour siéger au bureau. Un appel à candidatures a été lancé pour chaque poste à pourvoir. Et c’est ainsi, par exemple, que, pour la commune du François, monsieur Pierre Lafontaine, de la majorité municipale, a présenté sa candidature au poste de 10ème vice-président et a été battu par monsieur Henri Paquet, de l’opposition municipale. C’est le libre choix de l’assemblée communautaire.

3 – Les 12 communes membres de l’Espace Sud sont représentées au bureau. Certaines, par des membres de la majorité municipale. D’autres, par des membres de l’opposition municipale. D’autres encore y sont représentées à la fois par un élu de la majorité municipale et par un élu de l’opposition municipale. C’est, par exemple, le cas des communes du Marin et de Sainte-Luce. C’est, là encore, le libre choix de l’assemblée communautaire.

Tout s’est donc déroulé dans des conditions et selon des procédures parfaitement démocratiques.

Sur un plan plus général, il est tout de même étonnant que certains aient à ce point sous-estimé la mutation opérée par la réforme du mode d’élection des conseillers communautaires !

En ouvrant aux oppositions municipales l’accès aux conseils communautaires, le législateur a voulu que ces assemblées soient à la fois des « espaces de coopération » et des « espaces politiques ». Il a fait des conseillers communautaires les vecteurs d’une double représentativité : territoriale et politique. Rien n’interdit, en l’occurrence, la création, au sein des conseils communautaires, de groupes d’opposition (opposition que seuls peuvent redouter les démocrates de façade !).

Faut-il se plaindre de cette nouvelle donne ? Remet-elle en cause les conditions de la défense scrupuleuse de l’intérêt communautaire ? Compromet-elle la mise en œuvre d’actions qui soient au service du développement du territoire communautaire, dans toutes ses composantes ? Ne permet-elle pas la définition, dans des conditions de démocratie renforcée, des politiques à impulser en matière de développement économique, d’aménagement de l’espace, d’équilibre social de l’habitat, de politique de la ville ou autres compétences communautaires stratégiques… ?

Pour ce qui me concerne, je suis évidemment honoré de la confiance que m’a témoignée une large majorité de mes collègues (par delà leurs appartenances respectives) pour continuer à présider l’Espace Sud, en me conformant – comme je l’ai toujours fait – à toutes les exigences d’équité, de responsabilité et d’intégrité. Je suis également convaincu de la détermination de notre assemblée à agir consciencieusement pour l’intérêt général, pour l’essor du territoire-sud et en faveur d’un développement équilibré du territoire martiniquais. Préjuger du contraire, c’est assurément faire injure à l’ensemble des élus de la Communauté d’Agglomération de l’Espace Sud Martinique.

Eugène LARCHER
Président de l’Espace Sud