Bondamanjak

La Région Guadeloupe-Martinique-Guyane (Guamayane) : une proposition à encourager

Par Yves-Léopold Monthieux.

L’article d’Olivier Jean-Marie proposant la création d’une Région #Guadeloupe-#Martinique-#Guyane est écrit sous le sceau de la logique et du bon sens. Mais la politique et les intérêts politiciens ignorent malheureusement trop souvent ces valeurs. C’est en cela que le point de vue de ce jeune homme apparaît comme utopique. C’est vrai que cette proposition a une vocation fondatrice. C’est comme l’Europe dont il paraissait inconcevable qu’en raison de la géographie et des intérêts communs des Etats, qu’elle ne s’unît pas. Ce fut cependant une gageure. C’est un peu, à une autre échelle, bien plus modeste, la situation de nos départements, de nos régions, de nos « pays ».
Même si la comparaison est audacieuse, l’Europe avait aussi l’ambition d’empêcher que la guerre ne recommençât entre la France et l’Allemagne. N’y a-t-il pas besoin de mettre fin à cette petite guerre ridicule entretenue entre nos territoires et préjudiciable à des rapports harmonieux entre nos populations ? Olivier Jean-Marie a raison de souligner la responsabilité première du Martiniquais dont les manières de supériorité ne le grandissent pas, y compris aux yeux des populations des autres îles de la Caraïbe. Des comportements ridicules qui peuvent froisser, qui froissent, ont besoin de disparaître, qu’il faut faire disparaître, en même temps que nos amis doivent pouvoir exprimer leur juste fierté. Est-il cependant nécessaire de s’en référer aux fins de je ne sais quelle revanche, même s’il convient de les dénoncer pour y apporter réparation dans des rapports de franchise, de respect et d’amitié ? Il conviendrait, les uns et les autres, de faire l’effort de mettre fin aux effets de petitesse réciproques.
Au-delà des considérations de taille et de volume, deux différences essentielles en forme d’avantages nous distinguent du cas européen. La première tient au fait de l’interpénétration de nos populations et de nos familles, celles-ci étant réparties dans les 3 DFA. La seconde différence a trait à nos langues communes, le Français et le Créole. Faut-il parler de nos origines ? Tous ces éléments convergent vers des intérêts communs.
La suppression de l’académie des Antilles et de la Guyane aurait dû suffire pour nous alerter et nous permettre de prendre en compte le malaise qui s’est longtemps nourri entre nos populations et nos territoires. Il n’en fut rien, hélas ! Survient, mue par les mêmes considérations, la dislocation de l’Université des Antilles et de la Guyane. Que nos yeux s’ouvrent enfin ! Certes, les animosités regrettables qui ont accompagné l’événement ne permettent pas d’envisager un rétropédalage hâtif qui ne serait glorieux ni pour les uns ni pour les autres.
Mais les situations éruptives ouvrent parfois la voie à de grands progrès. Une nouvelle ère est possible pour la vie universitaire des Antilles et de la Guyane, tenant comptes des nouvelles aspirations de la Guyane. De même, sans optimisme excessif mais non sans de solides raisons, la naissance d’une grande région française des Antilles peut être envisagée. A cet égard les initiatives ne doivent pas être attendues de l’Etat qui laisse libres les territoires d’outre-mer. C’est d’ailleurs le terme « les outremers » qui est désormais inscrit dans la constitution et qui ouvre la voie de la dispersion, et non le regroupement, au nom de la notion chiraquienne de statut à la carte. Malgré tout, la France ne s’opposerait pas à cette grande région qui avait été envisagée jadis par un gouvernement de droite.
Qu’on ne se trompe pas, cette éventualité demeure utopique. Les bisbilles entre Guyanais, Guadeloupéens et Martiniquais sont ténues mais tenaces, les petites douleurs qui durent font souvent aussi mal que les grosses. Cependant on sait, par nos temps de changements rapides, que les rêves et les utopies peuvent vite se transformer en réalité.
La proposition de Jean-Marie, en vue de la naissance de la grande région, doit être encouragée. On pourrait l’appeler Guamayane, en clin d’œil à quelqu’un qui se reconnaîtra. Mais il faut surtout qu’en Martinique, en Guyane et en Guadeloupe, quelques hommes ou femmes d’Etat se lèvent et indiquent à leurs populations la nécessité d’envisager la politique au-delà de considérations qui, sans être mineures puisque s’agissant de rapports humains, ont besoin d’être dépassées. On est bientôt en 2015, l’année de grands changements dans les DFA. Le moment ne serait pas mal choisi.

Yves-Léopold Monthieux, le 14 avril 2014