
Il y a des mots qui dévoilent tout.
En affirmant « je me suis appauvri » et « j’ai tout donné à la Martinique », Serge Letchimy a provoqué une onde de colère comme on n’en avait plus vu depuis longtemps. Deux phrases — deux gifles pour un pays qui lutte, qui compte chaque euro, et qui n’a pas le privilège d’oublier d’où il vient.
Un aveuglement vertigineux
Comment, après plus de quarante ans de responsabilités publiques, peut-on prétendre s’être « appauvri » ? Même un négociant de bois du Brésil n’oserait de tels propos.
Comment tenir ce discours après avoir traversé tous les échelons du pouvoir, avec les avantages et les moyens que ces fonctions impliquent ?
Pour une population qui affronte la vie chère, le chômage et les fins de mois difficiles, entendre un élu se poser en victime économique relève de l’indécence pure.
Une réussite qu’il n’a jamais construite seul
Dire « j’ai tout donné à la Martinique », c’est nier une évidence : personne ne s’est fait seul.
Et certainement pas dans un mouvement politique bâti sur l’héritage de Césaire, Aliker, Darsières, et sur le travail de générations militantes.
Le pays lui a offert responsabilités, influence et légitimité. Affirmer qu’il a « tout donné » revient à effacer une mémoire collective que les Martiniquais n’oublient pas.
Le fossé se creuse
Ces déclarations révèlent une rupture inquiétante entre une partie de la classe politique et le pays réel :
des mots mal pesés, un ego mal maîtrisé, une amnésie commode qui efface les sacrifices de ceux qui l’ont précédé.
Dans un territoire où tant de familles peinent à tenir debout, ces phrases sonnent comme une provocation.
La colère des vivants, l’affront aux anciens
« N’oublie jamais d’où tu viens. »
Ici, perdre la mémoire, c’est perdre le pays.
Et ces mots ont été entendus comme un affront à ceux qui ont construit la voie avant lui.
Un électrochoc salutaire
Ce n’est pas un simple dérapage.
C’est un signal.
Les Martiniquais réclament de la vérité, de l’humilité, du respect.
Et face à l’indécence, ils savent répondre :
par la lucidité, par la mémoire, et, si nécessaire, par la sanction démocratique.
gilles dégras










