
La mise en scène élyséenne
Troisième banquet en trois ans. Ce mardi soir (30 septembre 2025), Emmanuel Macron a convié une cinquantaine d’élus ultramarins à dîner à l’Élysée. Au menu : « l’évolution des institutions ultramarines ». En réalité : une nouvelle séquence de théâtre républicain. Après le dîner de 2022 et le déjeuner de 2023, le rituel tourne à vide.
Des attentes fortes, une prudence centrale
La Guyane a déjà négocié un projet d’autonomie. Les Antilles espèrent des signes clairs. Mayotte suffoque sous la misère, la Polynésie réclame reconnaissance. Mais l’Élysée reste sur sa ligne : pas de bouleversement. Le rapport Egéa/Monlouis-Félicité, remis en décembre, a privilégié la lutte contre la vie chère et les réformes économiques.
Quand le faste étouffe la colère
Parler d’autonomie sous les lustres et les ors de l’Élysée, c’est mettre en scène le contraste : gastronomie raffinée face à des territoires où les urgences sont sociales et politiques. Vie chère mon cher. Le protocole impose retenue, neutralise la contestation. On y est mais on serre notamment les fesses. Pas de flatulence. Armstrong.
Le sénateur guadeloupéen Victorin Lurel a refusé d’y participer, dénonçant « un énième échange de vues sans débouché concret ». Son absence traduit une lassitude croissante face à des repas qui tiennent lieu de politique.
Des promesses sans lendemain
Les scénarios sont connus : autonomie, simplification institutionnelle, transferts limités de compétences. Mais tout bute sur l’obsession française de l’« indivisibilité de la République ». Résultat : des ajustements mineurs, jamais de rupture.
Pour Macron, l’essentiel est ailleurs : gagner du temps. L’image d’un président à l’écoute est sauve. Mais dans les territoires, pauvreté, vie chère et sentiment d’abandon perdurent.
Sortir du théâtre
Ce dîner illustre l’illusion du dialogue : la République invite, mais n’écoute qu’à moitié. Elle proclame l’égalité tout en perpétuant une relation verticale.
Les outre-mer n’attendent pas un repas de plus, mais une reconnaissance de leur dignité politique. Tant que Paris confondra consultation et convocation, symbole et réforme, les élus ultramarins repartiront avec le même sentiment : Français, mais pas tout à fait considérés comme tels en bon dard et en tout cas car la France est le pays des doigts dans l’homme noir.
gilles dégras











