
Les principaux protagonistes : appelons les “Anicet” et “Antoine”, les deux “cerveaux” de l’opération, à la réflexion aussi affûtée que leurs cuirs chevelus sont dégarnis.
Le cadre : une association à but non lucratif implantée en Martinique depuis quelques années
L’histoire : Anicet est un businessman bien connu sur la place publique, il est un ami de longue date d’Antoine, président de l’association (heureux via cette fonction qu’il occupe parmi tant d’autres). Anicet, dans un grand élan humaniste, se propose gracieusement d’aider Antoine à monter un projet ambitieux pour l’association. Et quel formidable élan : le voilà donc à chercher des financements… beaucoup, beaucoup, beaucoup de financements (1,5 million d’euros). Pour cela, il élabore des dossiers, des budgets… et va même jusqu’à rédiger un cahier des charges, puis un cahier des clauses administratives particulières dit “CCAP” (contenant les conditions d’exécution de la prestation, de règlement, de vérification des prestations, de présentation des sous-traitants, etc.), ainsi que le règlement de la consultation et l’avis d’appel d’offres !
Une fois l’avis publié officiellement dans un petit journal local… Anicet se manifeste aussitôt pour signifier son “plus vif intérêt à concourir à l’appel d’offres pour piloter le projet”.
Plus humaniste que jamais, Anicet envoie une proposition financière à l’association pour la modique somme de… 546 000 €.
Avec la complicité des représentants d’organisations professionnelles et des services de l’Etat, le marché lui est attribué (quelle surprise !), les travaux finaux doivent être livrés pour décembre 2023.
Anicet s’assure des revenus réguliers, habilement mensualisés, selon ses désirs… Et puisque le projet s’éternise, pourquoi ne pas bénéficier d’une rallonge financière ?
Qu’en est-il des avancées du projet ? Mystère, mais à défaut… la solution toute trouvée a été de désigner un bouc émissaire. Le flou artistique règne, mais il se murmure que la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) n’étant pas dupe et peu convaincue du sérieux de l’affaire, n’a jamais versé le moindre centime de subvention pour cette fumeuse opération.
Et Antoine dans tout cela ?
Félicitons-le d’avoir rempilé pour son 4ème mandat de président !
Et Anicet alors ?
Pour lui, l’avis cher est visiblement un merveilleux rempart contre la vie chère.
Et d’un point de vue juridique ?
Rédiger des documents d’un appel d’offres pour ensuite se les voir attribuer est un acte répréhensible au regard de la loi. Prise illégale d’intérêts, favoritisme, abus de confiance et détournements dans la gestion des fonds publics constituent des délits graves, passibles de lourdes sanctions pénales.
Pour Anicet et Antoine, la vie est belle, très belle. Mais pour combien de temps encore ? À suivre…