
Apathie pati⊠il a pĂąti de trop de naĂŻvetĂ© sur le monde actuel. Sur cette France pays des doigts dans l’homme noir. Cette France qui nie l’Ćuvre humanitaire d’Antoine Crozat.
La vĂ©ritĂ© sur le crime original de la colonisation nâest plus admis par une civilisation en perte de vitesse.
Jean-Michel Aphatie : « Je ne reviendrai pas Ă RTL. Câest ma dĂ©cision. Voici pourquoi ». (Vu sur X)
Il y a quinze jours, mes propos sur la colonisation algĂ©rienne ont crĂ©Ă© le dĂ©bat. La direction de la radio mâa dit avoir enregistrĂ© de nombreuses protestations de la part des auditeurs. Pour faire droit Ă lâĂ©motion suscitĂ©e, il mâa Ă©tĂ© demandĂ© de ne pas me prĂ©senter la semaine suivante, en mâindiquant que je serai le bienvenu, ensuite, pour continuer Ă dĂ©fendre mes points de vue sur lâantenne.
Jâai compris et admis la dĂ©marche des dirigeants de RTL. Je lâai trouvĂ© Ă©quilibrĂ©e et respectueuse Ă mon Ă©gard. Et puis, le jour de suspension est arrivĂ©. CâĂ©tait mercredi dernier. Ă partir de lĂ , concrĂštement confrontĂ© Ă ce quâil faut bien appeler une punition, ma perception de la situation sâest modifiĂ©e.
MĂȘme dĂ©cidĂ©e dans le cadre dâun dialogue serein et comprĂ©hensif, une punition reste une punition. Si je reviens sur lâantenne de RTL, je la valide, donc je reconnais avoir fait une faute. Câest un pas que je ne peux pas franchir.
Jâattache un prix particulier Ă la question de la prĂ©sence française en AlgĂ©rie entre 1830 et 1962. Je ne suis pas concernĂ© personnellement. Ni mon pĂšre, ni mes oncles, ni dâautres membres de ma famille nâont participĂ© Ă la guerre dâAlgĂ©rie. Je nâai pas non plus de connexions ou de liens avec des Français rapatriĂ©s de ce pays. Jâai dĂ©couvert cette histoire de maniĂšre banale. Je me suis intĂ©ressĂ©, voilĂ dĂ©jĂ longtemps, aux conditions du retour au pouvoir du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, en mai 1958. La question du maintien de lâAlgĂ©rie dans la France Ă©tait au cĆur de la crise politique. Je me suis alors demandĂ© ce quâĂ©tait cette situation, quelle Ă©tait la nature de la prĂ©sence française et aussi celle de la cohabitation des communautĂ©s sur ce territoire.
Ce que jâai lu dans les livres Ă©crits par des historiens mĂ©ticuleux mâa horrifiĂ©. Les massacres de musulmans se sont succĂ©dĂ©s tout au long des 132 ans dâoccupation. Un statut dit dâindigĂ©nat, appliquĂ© Ă partir de 1881, a privĂ© les premiers occupants de lâespace de tous droits et leur a imposĂ© des servitudes archaĂŻques et injustes. ChassĂ©s des terres les plus riches, ils ont vĂ©gĂ©tĂ© dans lâextrĂȘme pauvretĂ©. La scolarisation des enfants a Ă©tĂ© parcimonieuse. Tout ceci dresse un tableau indigne de la France au regard des valeurs dâhumanitĂ© qui font sa rĂ©putation dans le monde.
Jâai vĂ©cu comme une injustice maintenue lâabsence de reconnaissance officielle par le colonisateur des traitements dĂ©gradants infligĂ©s Ă cette population. Les propos que je tiens sur ce sujet depuis des annĂ©es sont liĂ©s Ă ce sentiment. Pour cette raison, et pour cette raison seulement, je ne peux pas accepter dâĂȘtre puni pour les avoir rĂ©pĂ©tĂ©s.
Je regrette la situation qui sâest crĂ©Ă©e. Jâai passĂ© de belles annĂ©es professionnelles Ă RTL. Câest une radio que jâaime. Mais câest ainsi.
Une prĂ©cision pour terminer, parce que jâai vu Ă lâĆuvre durant ces derniers jours ces faux nationalistes quâeffarouchent les vĂ©ritĂ©s de lâhistoire. Le pouvoir algĂ©rien dâaujourdâhui est une dictature. Il lâest depuis 1962. Le peuple algĂ©rien mĂ©rite, comme tous les peuples, la libertĂ© et la justice. Il en est, hĂ©las, privĂ© depuis trop longtemps. Par ailleurs, je mâassocie, comme je lâai fait depuis le dĂ©but, aux demandes de libĂ©ration de Boualem Sansal, injustement emprisonnĂ© Ă Alger.
Un jour, câest mon espoir, la France, mon pays, conviendra de sa part dâinhumanitĂ© dans lâhistoire.
Etonnant, non ?