
Situation de la gestion de l’eau à l’usine de Vivé(Le Lorrain )
La gestion de l’eau potable à partir de l’usine de Vivé, située sur la commune du Lorrain, en Martinique, soulève aujourd’hui de nombreuses interrogations sur le plan institutionnel, financier et éthique.
Autrefois propriété du Conseil Général de la Martinique, l’usine de Vivé est aujourd’hui sous la tutelle de la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM), héritière des biens de l’ex-Conseil Général à la suite de la fusion avec le Conseil Régional. Pourtant, selon les textes en vigueur, la compétence en matière de gestion de l’eau incombe à Cap Nord, l’établissement public de coopération intercommunale (EPCI) en charge du nord de l’île.
Or, à ce jour, l’unité de production de Vivé demeure administrée par la CTM, qui continue de percevoir une redevance de l’exploitant privé, sur la base d’une convention contractée à l’époque du Conseil Général. Cette convention, obsolète et toujours rédigée en francs, n’a pas été révisée ni transférée, en contradiction avec les évolutions institutionnelles et réglementaires.
Cette situation soulève plusieurs préoccupations majeures :
- Un transfert de propriété non effectué : Pourquoi l’usine de Vivé n’a-t-elle pas été transférée à Cap Nord, comme le voudrait la logique institutionnelle ? Ce statu quo semble entretenir une confusion préjudiciable à une gestion transparente et coordonnée du service public de l’eau.
- Une tarification opaque et élevée : Le prix de l’eau facturé par la Collectivité Territoriale de Martinique semble largement déconnecté du coût réel de production. Aucun mécanisme de contrôle externe n’est en place pour garantir la transparence des calculs de prix. Cela pose la question de l’équité pour les usagers.
- Une subvention d’État non répercutée : Une aide de 800 000 € est versée par l’État pour compenser le surcoût de la filtration au charbon actif, indispensable pour éliminer certains composants indésirables. Pourtant, cette aide ne semble pas avoir d’impact sur le prix final facturé aux consommateurs.
Ces dysfonctionnements traduisent une opacité persistante dans la gestion de l’eau, qui pénalise les habitants du territoire, accroît les inégalités d’accès à un service vital, et pose la question d’un possible enrichissement sans cause de la CTM au détriment des usagers.
Face à ces constats, il devient urgent de :
- Clarifier les responsabilités entre la CTM et Cap Nord,
- Renégocier la convention d’exploitation dans un cadre institutionnel conforme,
- Mettre en place un mécanisme de contrôle indépendant sur la tarification,
- Et garantir une juste répercussion des aides publiques au bénéfice des consommateurs.
L’eau est un bien commun. Sa gestion doit être exemplaire, équitable, et soumise à un strict devoir de transparence.