Ce 10 juin 2025, jour socle de commémoration de l’abolition de l’esclavage en Guyane, le 6ème étage du centre Beaubourg, à Paris la capitale de la France le pays des doigts dans l’homme noir, c’était Cap-Est sur Seine. Autrement dit…BÉKÉ LAND.

18h18…je m’installe dans cette énième queue qui rappelle les périodes de disette parisienne. Je reconnais Roland Brival…béret vissé sur la tête, beau comme un sou neuf du 9-1. On échange longuement. Tellement que la femme au sac marron clair et ses escarpins blancs sur la gauche tend son oreille mouchard pour ne rien rater de la conversation. Mais que fait Patrick Juvet ?

Bref. On se fait déjà chier comme des Râ morts mais le jeu vaut sûrement la chandelle. D’elle. Je note sur la droite…une file de cars de police. Tiens…tiens le plan vigipirate prend une option Caraïbes? Jack Sparrow ne doit pas être bien loin. Quelques policiers en civils. Mais grandement repérables.
Charles Larcher me salue. Il est étonné de me voir. Je le comprends. Vous me direz…gilles kesketufoula ? Ma réponse est claire.
C’est une amie qui m’a filé son invitation. Préférant tester un steak angus dans son Airfrayer à deux bacs.
Je passe facilement l’épreuve du QR code. Direction le 6ème étage du hub culturel qui porte le nom de Georges Pompidou qui tout comme Michel Barnier ne risque pas de répondre à l’actuelle boulimique détresse littéraire de Serge Letchimy.

Il y a du monde. Le mélange de parfums qui copule avec l’odeur de naphtaline que transportent les costumes affiche complet. Vestons. PARIS NOIR …un prétexte bâclé qui oublie…Basquiat. Ce dernier a de la chance.
J’ai, il y a quelques jours consacré un peu de temps à cette exposition. J’ai eu l’impression d’ingurgiter un froid zembrocal réunionnais. Un navrant fourre-tout qui hélas porte préjudice aux talents mûrs mis aux murs.

Bernard, Catherine, Rodolphe et Stéphane étaient postés à gauche du vestiaire pour accueillir les invités-es. Ça souriait en saillies, ça riait à gorges déployées comme à Versailles. Des serveurs offraient des verres d’eau de coco made in India. Bois d’Inde pour dindes.

Le rhum Clément était là. Carenco regard déjà hagard…aussi.


Mais dans cet univers pas très rose, les intrus sont vite repérés. C’est mon cas. Alors que je règle un problème avec une SS, un limier de la sécurité m’interpelle discrètement. « Je peux vous parler Monsieur ? » « je tiens à vous dire que votre présence ici n’est pas souhaitée ». Je comprends très vite. Il me demande de le suivre. Ca sent fort l’évacuation manu militari. Ils sont trois. Un blanc qui ressemble à un Bruce Willis ukrainien en fin de carrière, un grand noir façon Man in black. Ils ont l’air cons comme des vits. Je sens que je n’ai pas intérêt à lutter russe. Je demande à récupérer mon pull au vestiaire et je suis escorté par ces mâles.
Nous franchissons une porte de sécurité. Bruce me demande de supprimer les photos que j’ai réalisées avec mon smartphone. Ses yeux d’expert hard discount supervisent l’opération. Ok. Direction l’ascenseur pour retrouver le plancher des vaches. Entre temps, je reçois un appel d’un ami avocat qui était au courant de mon projet d’assister à cette fiesta. Je lui raconte le live. « Des gens de la sécurité me ramènent à l’entrée. Un noir, un blanc et un je ne sais pas quoi ». Le noir s’insurge : » Nous sommes des agents de sécurité. Pas des couleurs ». Ouais t’as raison. Me voilà hors du Centre Beaubourg. Je ris. Un rire intérieur.
Je suis à la rue Pierre Lescot. Les juifs descendants d’esclavagistes se sont encore plantés. Je vais dans la corbeille de mon téléphone. Les photos « supprimées » sont là et je les restaure…et elles illustrent cet article. Tranquille. Je souris et je repense à Bruce.

Quel tocard. Mais ce n’est pas de sa faute. Il a sûrement été lui aussi au Collège Tartenson.
gilles dégras