
Par Louis-Georges Tin
Soyons honnêtes. Lorsque Nicolas Sarkozy a été condamné une énième fois aujourd’hui, personne n’est tombé de sa chaise en disant : « ça alors, Sarkozy trempait dans des magouilles ? Qui l’eut crû ? » Depuis le temps, de procès en procès, tout le monde sait bien quel genre d’homme est l’ancien président de la République. Donc certains s’indignent ou s’étranglent pour toutes sortes de raisons politiques : les uns (LR), parce qu’il a été leur chef, les autres (RN), parce que leur cheffe est dans la même situation à peu près. Mais soyons clairs, personne, vraiment personne, n’est surpris de cette condamnation.
On est tout au plus étonné qu’il soit condamné à une peine de prison ferme, car on pensait que les puissants échappaient en général à la prison. Apparemment, ce n’est pas toujours le cas, et c’est une bonne nouvelle.
Mais il y a un éléphant dans la pièce, un élément central mais absent du procès : la Libye. L’affaire Sarkozy-Kadhafi ne se réduit pas à quelques dizaines de millions versés sous la table. Elle s’entrelace avec une guerre. En 2011, Nicolas Sarkozy fut le principal artisan de l’intervention militaire occidentale qui aboutit à l’assassinat de Mouammar Kadhafi.
Cette intervention, présentée à l’époque comme une « opération humanitaire », a en réalité ouvert la voie au chaos : fragmentation du pays, marchés aux esclaves, multiplication des milices, prolifération des armes dans toute la région sahélienne, et, indirectement, l’essor de groupes terroristes qui ensanglantent encore l’Afrique de l’Ouest.
Dès lors, la question s’impose : y a-t-il un lien entre l’argent libyen et cette guerre ? L’intervention en Libye fut-elle dictée uniquement par des calculs stratégiques et diplomatiques, ou bien aussi par la volonté d’effacer les traces d’un financement illégal ?
Si cette hypothèse se confirmait un jour, les conséquences seraient immenses. Car ce ne serait pas seulement un scandale de corruption, mais un acte politique et militaire aux effets géopolitiques durables, passible de la Cour pénale internationale.
Rien n’est prouvé pour l’instant, et Nicolas Sarkozy bénéficie pour ce dossier de la présomption d’innocence. Mais tôt ou tard, la vérité finira par émerger. Peut-être par Mediapart.
Patience.












