
En 2024, l’Association RPPRAC (Rassemblement pour la protection des Peuples et
ressources afro-caribéennes) avait lancé un mouvement contre la vie chère. Son leader,
Rodrigue Petitot, à l’origine du mouvement avec Gwladys Roger et Aude Goussard avait
utilisé les réseaux sociaux pour mobiliser la population.
En juillet et août 2024, ils cherchaient à mobiliser sur la question des prix des
denrées alimentaires. Dès le 31 août, Rodrigue Petitot est la cible d’attaques et
d’accusations : il serait l’auteur d’un vol de bus, et de diverses dégradations. Malgré sa
libération en septembre le mouvement ne faiblit pas, au contraire, la tentative
d’accusation sonne comme une tentative d’intimidation qui galvanise même le
mouvement.
Une réaction salutaire permet la tenue d’une table ronde qui réunit l’Etat, les
acteurs économiques, la CTM et le RPPRAC, qui exige que les discussions soient filmées,
ce que le Préfet refuse. Résultat : les représentants du mouvements claquent la porte.
Le mouvement s’embrase. La tournure des évènements conduit le Préfet à ordonner un
couvre-feu dans plusieurs communes de l’île.
En octobre 2024, le mouvement se durcit et s’accompagne de barricades sur les routes et
ou de blocage de ronds-points ainsi que d’appels au boycotts de centres commerciaux.
Toujours en octobre, après plusieurs jours de négociations intensives menées par la
Collectivité Territoriale de Martinique (CTM), un protocole d’accord intitulé «Protocole
d’objectifs et de moyens pour la lutte contre la vie chère » est signé par l’État et la
majorité des acteurs économiques mais pas par le RPPRAC. L’accord prévoyait une
baisse de produits et une réduction ciblée de l’écart des prix.
La principale critique formulée par le RPPRAC est que le texte est insuffisant (trop peu de
produits concernés) et, surtout, qu’il n’offre aucune garantie de pérennité ou de contrôle
permanent des marges des importateurs, reproduisant selon eux l’échec du BQP de 2009.
Par conséquent, il n’y a donc eu aucun accord signé par les initiateurs du
mouvement et les acteurs politiques et économiques locaux. L’élément central était
l’engagement de la grande distribution à réduire les prix sur une liste étendue de produits :
Une baisse de prix était prévue sur une sélection de produits dépassant largement la liste
limitée du BQP (Bouclier Qualité Prix). Une réduction de prix allant jusqu’à 20 % sur ces
produits ciblés.L’accord fixait également des objectifs de réduction de l’écart global des
prix avec l’Hexagone :Les supermarchés et hypermarchés devaient viser une réduction de
l’écart de prix pour atteindre une fourchette cible de 5% à 25% (tous produits confondus),
ce qui restait supérieur à l’alignement sur les prix de métropole exigé par les manifestants.
Par ailleurs des annonces de l’État venaient compléter l’accord, concernant
notamment une baisse de fiscalité sur certains biens, notamment les produits de première
nécessité.
Parmi les arguments justifiant le refus du RPPRAC à signer cet accord, ce dispositif
était temporaire et non contraignant. Ce dernier dénonçait l’absence de garantie que les
distributeurs ne récupèrent pas rapidement cette marge (report de marge) par d’autres
moyens ou n’augmentent pas les prix des produits non listés.
Le RPPRAC souhaitait par conséquent une loi imposant la transparence des marges (des
coûts à quai aux marges arrières) pour prouver que les acteurs ne profitaient pas de leur
situation d’oligopole pour pratiquer des prix abusifs.
En refusant l’accord, le RPPRAC a voulu montrer que le problème était structurel et non
conjoncturel et qu’il fallait s’attaquer aux privilèges des groupes importateurs et
distributeurs (comme le GBH), plutôt que de se contenter d’un assortiment de mesurettes
sur un panier de produits à la manière de 2009.
L’incarcération de Mr Petitot de décembre à janvier 2024 laissait penser aux martiniquais
que l’Etat protégeait les intérêts des grands distributeurs plutôt que ceux des
consommateurs.
« Quand le RPPRAC est en prison pour avoir dénoncé l’injustice,
l’histoire n’est pas réécrite, elle est tout simplement effacée de
l’actualité. »
Cela fera bientôt un an, que le mouvement aura été déclenché. L’incarcération qui a
suivi a été vécu comme le coup de force d’un état jugé faisant preuve d’autoritarismeet
comme une manoeuvre visant à décapiter le mouvement contre la vie chère. Loin
d’apaiser les martiniquais ce choix politique alimente t un discours de plus en plus radical,
présentant l’Etat complice d’une oligarchie de la « profitasion ». De plus incarcérer Mr
Petitot n’a pas réglé le problème de fond.
Comment vit-on aujourd’hui ? Les prix n’ont pas baissé. Une application « Kiprix » permet
de mesurer l’écart avec la métropole. Lorsque sur cette application on peut se rendre
compte des écarts énormes entre les prix France et les prix métropole . Exemple vinaigre
balsamique 82 % de plus qu’en métropole/ Compote de pomme 91 % / Capsules mave-
vaisselle 71 %/ / Café dosettes + 102 % / Confiture de pêche + 67 %/ Fromage Emmental
- 110 % Moutarde + 149 % etc…. On est en droit de se demander comment l’INSEE
parvient au chiffre ridicule de + 14 % d’inflation. .
Un coût de la vie nettement supérieur à la moyenne nationale pour une population
dont le niveau de vie médian est significativement inférieur. Ce déséquilibre structurel
nourrit crispations, climat délétère et provoque des explosions sociales récurrentes. Il
devient évident que cette crise socio-économique exige une réforme en profondeur.
L’INSEE affirme que les prix à la consommation sont 14% plus élevés en moyenne, avec
un surcoût atteignant 40% pour les produits alimentaire de base. Chiffre bien pratique pour
justifier la prime existante des fonctionnaires et empêcher qu’elle ne soit pas réévaluée à
la hausse. Comme si cela n’aurait pas été un geste envisageable lorsque l’on sait que le
gel des salaires des fonctionnaires date des années 80 et que les montants sur leur fiche
de salaire n’ont pas bougé depuis cette période malgré l’inflation.
Dans l’île la majorité de la population a un taux de pauvreté monétaire de 26,8% , près de
deux fois plus élevé que celui de la Métropole (14,9%).
« Celui qui contrôle l’Importation contrôle les Prix. Celui qui
contrôle les Prix contrôle la Faim. »
Si vous interrogez la grande distribution, ils ne tarissent pas d’arguments pour
justifier la vie chère : D’abord ils invoquent l’insularité . La majorité des biens proviennent
de la métropole et est acheminée par fret maritime. C’est pour faire simple le coût du
transport. Au second plan ils brandissent les frais d’approche, en des termes simples : les
frais portuaires de manutention, de douane, de transit. Ils disent que ces derniers peuvent
représenter jusqu’à 28 % du coût d’achat hors-taxe. En troisième lieu ils exultent en
avançant l’argument de la chaîne logistique longue : les marchandises passent par de
nombreux intermédiaires (exportateur métropolitain, transitaire, importateur grossiste,
détaillant). Chaque intermédiaire réalisant des marges successives. Ils savent en effet de
quoi ils parlent puisque souvent ce sont les mêmes propriétaires des supermarchés et
hypermarchés qui contrôle toute la chaîne et réalisent des marges à chaque étape.
Enfin ils invoquent l’octroi de mer comme provoquant la hausse des prix. Il s’agit d’une
taxe locale qui s’applique autant aux importations de produits venant de métropole et à la
production locale (octroi de mer interne); cet argument final semble pour eux la panacée
même si elle ne représenterait en réalité que 4 à 9 % du prix final du produit.
Pourquoi cette surtaxe ? Rappelons que les martiniquais comme tout français payent
aussi la TVA (d’où la surtaxe) Elle serait, dit-on, justifiée par la « nécessité de financer les
collectivités locales et servirait à protéger la production locale grâce à des taux
différentiels ».
Mais la grande distribution n’évoquera jamais le problème majeur : l’étroitesse du marché
et la présence de grands groupes en position monopolistique ainsi qu’une absence réelle
de concurrence.
Pourquoi certains arguments ne tiennent -ils pas la route ?
Prenons l’exemple du groupe GBH (Groupe Bernard Hayot), Il détient les franchises du
groupe carrefour, et de groupes comme Décathlon et Mr Bricolage. Pour l’argument de
l’importation et de la logistique , il ne tient pas : en effet le groupe possède des filiales
spécialisées dans l’import-export, le transit et la logistique qui gère l’acheminement des
produits depuis la France hexagonale jusqu’à la livraison dans les magasins, et le groupe
pratique des marges à chaque étape. Même constant pour le groupe SAFO (Mr Parfait :
Le rond Point etc..) Ces derniers sont précisément en position d’agir efficacment contre la
vie chère et proposer des articles à des prix attractifs pour les Martiniquais; ils ne le font
pas parce que lorsque l’on est avide, on est avide, un point c’est tout. Cela relève de
l’Hubris. Faut pas chercher plus loin.
Ce n’est pas pour rien que l’Autorité de la Concurrence (ADLC) a été saisie à
plusieurs reprises 2009- 2019- 2024-2025. Ils sont chargés de vérifier s’il n’y a pas
d’ententes. Et ces rapports soulignent à chaque fois la faible concurrence due à la
domination de certains acteurs économiques majeurs qui maîtrisent l’ensemble de la
chaîne de valeur. Et cela a conduit parfois à ces cessions d’hypermarchés pour remédier à
ce problème récurrent.
Le problème est donc structurel et lié à des conglomérats familiaux qui pratiquent ce que
l’on appelle l’ »intégration capitalistique » , une stratégie de croissance par laquelle une
entreprise ou un groupe d’entreprises cherche à contrôler de multiples étapes successives
de la chaîne de production et de distribution d’un bien ou d’un service.
« La Vie Chère, c’est la Liberté. L’Ignorance, c’est la Transparence.
L’Oligopole, c’est la Concurrence, abolir l’octroi de mer c’est amputer le
pays. »
L’abolition de l’octroi de mer est évidemment présentée comme l’idée de génie par
ces grands groupes. Mais attentions aux naïfs. Cette dernière ne garantirait absolument
pas que les prix baissent réellement de manière équivalente. La grande distribution
pourrait très bien absorber le gain fiscal, en d’autres termes : pratiquer exactement les
mêmes prix en augmentant leurs marges. Et ils pourraient très bien justifier la supercherie
par un surcoût du fret, de l’assurance, du coût du stockage ou autres… En bref, ils
pourraient très bien affirmer que la suppression de la taxe leur permet de compenser
l’augmentation de leurs coûts de logistique ou autres laissant les prix inchangés. L’unique
abolition de l’octroi de mer n’est donc ni souhaitable sans mettre en place d’autres
mesures contraignantes ni suffisante.
Même l’Union européenne cherche à « déchouquer » l’octroi de mer; Elle avance
que ce dernier est contraire au marché unique européen, car il est une entrave à la libre
circulation des marchandises et équivaut pour elle à un droit de douane. De plus la
discrimination entre production locale (peu ou pas taxée) et la production hexagonale
(taxée plus sévèrement) est pour elle une distorsion de la concurrence. Si donc l’UE
accepte cette « dérogation » c’est en vertu de l’article 349 du TFUE (Traité sur le
fonctionnement de l’Union européenne). En effet ils reconnaissent que les RUP (régions
ultra-périphériques) ont des contraintes structurelles (éloignement, insularité, dépendance
et étroitesse du marché) permettant la mise en place de politiques exceptionnelles. Pour
financer une partie des collectivités territoriales (communes et CTM). Par exemple pour
les communes qui bénéficient de la majeure partie de l’octroi de mer sous forme de DGG
(Dotation globale garantie). Par ailleurs la CTM bénéficie sous la forme de la FRDE
(Fonds régional pour le développement et l’Emploi), censé alimenter et permettre le
développement économique.
Comment les collectivités et les communes de métropoles
fonctionnent-elles alors qu’elles n’ont pas d’octroi de mer ?
On est en droit de se demander comment font les communes et collectivités de
l’hexagone qui n’ont pas les ressources de cet octroi de mer puisque cette ressource
semble « si vitale » pour notre Martinique et qu’on nous promet l’effondrement
économique si elle est abolie. . Les collectivités hexagonales fonctionnent grâce aux
revenus des taxes foncières sur les propriétés bâties (TFPB) et les taxes foncières sur les
propriétés non bâties (TFPNB), grâce à la taxe sur les ordures ménagères (TEOM) et
également grâce aux revenus de la cotisation foncière des entreprises (CFE). Par ailleurs
elles fonctionnent aussi grâce à la dotation de l’Etat (DGF, dotation globale de
fonctionnement) et l’Etat leur verse aussi une compensation liée à la suppression
(notamment de la taxe d’habitation). Par conséquent la Dotation Globale de
Fonctionnement (DGF) versée par l’État aux communes et collectivités locales de
Martinique est structurellement moins élevée qu’en France hexagonale, et ce, en
raison de l’existence précisément de l’Octroi de Mer (OM).
Donc, l’octroi de mer fait supporter au consommateur martiniquais une double
charge. Ils paient les impôts sur le revenu, qui financent les collectivités métropolitaines, et
paient leurs propres collectivités via leur consommation, par le biais de l’octroi de mer.
En métropole la fiscalité des collectivités et des communes repose sur une solidarité
nationale, alors qu’en Martinique, qui s’est désolidarisée de la solidarité nationale, elle
contribue aux collectivités métropolitaines tout en ne pouvant pas compter sur les
collectivités métropolitaines pour financer ses propres collectivités.
Autrement dit les élus locaux qui ont eu cette idée de génie, ont mis en place un
système inique, sous le prétexte d’être « autonomes ». Ainsi en fixant ainsi leur fiscalité,
ils ont alourdi la fiscalité locale. L’injustice réside dans l’assiette fiscale de l’octroi de mer.
Le résultat est édifiant : Une taxe à la consommation nourrissant l’inflation, une régression
sociale et un refus de bénéficier de la solidarité nationale.
Ce qui -vous l’avez compris- fait peser sur les martiniquais la fiscalité régionale au lieu de
peser sur les martiniquais et l’ensemble des Français. Encore plus clairement pour que
cela soit bien clair pour tous : l’octroi de mer externalise sur le consommateur martiniquais
une charge : le financement des collectivités, qui est normalement répartie sur l’ensemble
des Français dans les collectivités de l’hexagone.
Et si on a en mémoire les difficultés socio-économiques : des martiniquais plus
pauvres, le taux de pauvreté en Martinique est en effet deux fois plus important qu’en
métropole (26% contre 14,9%) une population qui souffre davantage du chômage (18 %
contre 7,5 en F. Hexagonale) , une population vieillissante (la Martinique est le
département le plus vieux de France – 23 % à 24 % de sa population ayant 65 ans ou
plus.) et des jeunes qui ne reviennent pas au pays, une population active donc en
régression constante – on comprends mieux la dégradation du climat social.
Pli ou piti, pli ou ka pan fè
Il ne faudra pas s’étonner qu’une nouvelle explosion renaisse à cause de la
détresse sociale grandissante. Une petite étincelle se transformera rapidement en
explosion et de surcroît légitime. Et s’il n’y a pas de révolution c’est uniquement à cause
du vieillissement de la population et non pas à cause d’une présumée acceptation et d’un
présumé renoncement. Quand on a 80 ou 90 ans, on ne va pas avec son arthrose sur les
barricades. .
Il ne faudra pas ni s’étonner, ni se plaindre des récurrentes explosions sociales qui
ne sont que le résultat de mauvaises décisions prises qui pourraient être corrigées. Et
n’en déplaise aux autorités, incarcérer Mr Petitot ne résoudra pas le problème structurel
Enfermer les lanceurs d’alerte n’est jamais une solution. L’exaspération du peuple est
constant : à chaque fois qu’on va dans un supermarché on est excédé. La révolte est
permanente..LeRPPRAC n’avait donc pas tord de réclamer des réformes structurelles qui
s’imposeront de toute manière, un jour où l’autre, où le pays s’effondrera et il est déjà en
voie de s’effondrer; Plus de 400 dossiers de surendettement en Martinique , En 2019 (je
ne dispose pas du chiffre actuel) 63 % des martiniquais étaient couverts par la CAF. Ce
qui correspond à environ 42 000 foyers.
« L’Octroi de Mer est un impôt juste et nécessaire. L’écart de
prix est une invention du RPPRAC. »
Il faudrait donc sans doute , abolir ou réformer l’octroi de mer – par exemple en
appliquant un taux zéro de surtaxe sur tous les produits alimentaires, d’hygiène de base et
sur les vêtements. On peut imaginer le remplacement de l’octroi de mer par une unique
TVA locale.
Mettre en place des mécanismes de contrôle des prix et renforcer la transparence
Cependant ce n’est pas suffisant de réformer l’octroi de mer . Il faudrait mettre en
place des mécanismes de contrôle des prix; pour cela il faudrait précisément
demander à l’UE une dérogation compte tenu des difficultés et de l’absence de
concurrence. Et réclament un plafonnement des marge-arrière, un encadrement des
marge de gros. (Réclamer un prix maximum de marge entre le prix de revient) et prix de
vente au détaillant.
Pour plus de transparence : obliger les acteurs économiques à publier les marges
Intégrées : Les lois doivent exiger des groupes importateurs-distributeurs de publier
clairement les coûts à quai (CAF) et la manière dont les marges sont appliquées entre les
filiales (marges intermédiaires ou « marges de gros ») jusqu’à la vente finale.
Il faudrait renforcer le Rôle de l’OPMR et leur donner les moyens suffisants pour qu’ils
enquêtent : L’Observatoire des Prix, des Marges et des Revenus (OPMR) doit être doté
d’un mandat et de ressources suffisantes pour collecter ces données, les rendre publiques
et servir de base de preuve aux autorités de la concurrence pour dénoncer les marges
manifestement abusives.
Mais avant : Réviser l’article 349 du TFUE
L’UE n’autorise de contrôle des prix que dans des circonstance exceptionnelles,
transitoires et dûment justifiées; Or le problème de vie chère en Martinique n’est pas
temporaire mais structurel. Il faudrait justifier donc auprès de l’Union européenne la
permanence d’un problème qui réclame une mesure permanente donc, car il faut
rétablir l’équité sociale.
La France doit donc s’engager auprès de l’UE à mettre en oeuvre des actions qui
modifient durablement les conditions du marché et suppriment les raisons de l’abus des
profits. Dans le domaine logistique et de la concurrence, désarmer les monopoles
d’importation en renforçant les lois anti-trusts locales et en soutenant la création de
plateformes logistiques alternatives pour les petits importateurs.
Donc la dérogation demandée à l’UE serait une demande non pas de contrôle total mais
une demande pour mettre en place des mécanismes d’encadrement pour corriger les
effets pervers de l’insularité et du manque de concurrence.
- Faire sauter la contrainte de la temporarité concernant le contrôle des prix dans les RUP.
Mais ce n’est pas tout, il faut demander à l’Etat Français de réformer le code du
commerce (article L. 410-2) Je cite : « Sous réserve des dispositions de l’article L.410
(qui affirme la liberté sur les prix) les prix de biens, produits et services sont librement
déterminés par le jeu de la concurrence par les prix ou par la qualité est limitée en raison
des situations de monopole ou de difficultés d’approvisionnement, un décret en conseil
d’état peut réglementer les prix, après consultation du Conseil national de la
consommation, pour une période déterminée ». Il faudrait modifier cette phrase (« pour
une période déterminée » pour mettre en place un contrôle permanent applicable aux
RUP. Mais avant il faudra demander à l’UE un accord préalable de révision de l’article 349
du TFUE.
Enfin de manière temporaire le Bouclier Qualité-prix (BQP) peut être maintenu
jusqu’à ce que les réformes structurelles entrent en vigueur; c’est un travail législatif qui
doit être mené par des politiques martiniquais soucieux de l’intérêt général sur l’île, mais
c’est un travail qui peut être mené par tous les DROM (par tous les élus des DROM) car
les mêmes difficultés concernent tous les DROM;
Désarmer les monopoles
Mais il faudrait aussi travailler au désarmement des monopoles (ou des
oligopoles) est l’une des solutions structurelles clés identifiées pour lutter contre la vie
chère.Ceci implique l’application rigoureuse du Droit de la Concurrence .Le désarmement
des monopoles vise à casser l’intégration capitalistique et le pouvoir de marché des
grands groupes pour rétablir une concurrence saine.Il est essentiel d’appliquer de manière
stricte les règles définies par l’Autorité de la Concurrence (ADLC) Il s’agit de Contrôler les
concentrations et sanctionner sévèrement les ententes et des abus de position
dominante. Il s’agit de donner de réels moyens pour mener des enquêtes pour identifier
et sanctionner les pratiques anticoncurrentielles, comme les ententes sur les prix, les
accords d’exclusivité trop restrictifs ou l’abus de position dominante par les filiales
d’importation.
La Martinique est à un carrefour : soit elle continue de gérer l’inégalité de la vie
chère par des accords temporaires et insuffisants (comme le BQP) soit elle s’engage
dans une réforme structurelle profonde. La permanence des handicaps structurels
(insularité, dépendance) justifie des régulations permanentes sur les marges. Il est
impératif d’utiliser la puissance de l’Article 349 du TFUE pour obtenir un cadre
réglementaire contraignant et permanent. Le code du commerce français doit être
amendé. Le rôle des élus est de transformer la colère légitime des Martiniquais en un
travail législatif complexe visant à demander une dérogation à l’UE, à amender le code du
commerce, à remplacer l’Octroi de mer, à et à veiller au démantèlement des monopoles,
pour assurer ainsi un niveau de vie équitable dans l’île en mettant fin à l’appauvrissement
croissant de la majorité des Martiniquais dont la vie est hypothéquée par une opération
que l’on pourrait bien nommer de « vol en bande organisée » et ainsi de rendre le territoire
plus attractif à notre jeunesse.
Attention –
NB – Les punchlines sont des adaptations tirées de 1984 de Georges Orwell. Elles sont à lire de
manière ironique.
——-
Sources :
- INSEE Martinique- Niveau de vie annuel médian- Comparateur des territoires 2024- données
2021. - INSEE Martinique- Le Corre, Lanwenn- Ecarts de prix à la consommation – Analyse
économique, 2023, données 2022. - INSEE Guadeloupe- Bilionière M. Salisbekyan-Rosain Z. En Guadeloupe, les produits
alimentaires sont 42% plus chers qu’en France métropolitaine. Analyses Guadeloupe N° 73,
juillet 2023. - INSEE- Dufour K. Monziols M. « les prix restent plus élevés dans les DOM en particulier pour
les produits alimentaires- N° 1958- juil. 2023. - Observatoire des inégalités – Outre-Mer : une pauvreté et des inégalités de revenus bien plus
élevés- Synthèse des données de l’INSEE sur les départements d’Outre-Mer. - DREES- Portail- Direction de la recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques-
Informations sur le revenu fiscal médian. - TFUE- Traité sur le fonctionnement de l’UNion européenne – Article 349.
- Article- L-410-2 du code du commerce – Légifrance.
- Financement des collectivités territoriales- Présentation des mécanismes de dotation (DGF,
DCTVA etc…) - Ministère de la cohésion des territoires – Dotations de l’Etat (Fonds de compensation et de
péréquation). - isère.gouv.fr – Rôle des régions et des communes dans l’octroi d’aides économiques et
l’utilisation des fonds.


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